Ce qui s'est passé jeudi 13 juillet sur une parcelle de blé route de Chazé à Sainte-Gemmes-d'Andigné " est une action de trop " que la trentaine d'agriculteurs, rassemblés sur une parcelle voisine, met au crédit de deux exploitants à Loiré, Antoine et Vincent Legendre.
Un bail a été signé entre le propriétaire d'une parcelle de 10 ha et un Gaec de Chazé-sur-Argos regroupant Alain Philippeau, Vincent Philippeau et François Giard. Du blé a été semé sur la parcelle. Avec la réforme des retraites, Alain Philippeau a appris qu'il peut partir en retraite au 1er janvier 2023.
Il s'est alors rapproché du notaire pour les formalités. Il a trouvé un remplaçant : Sébastien David. Mais il a appris que le prix de location de la terre allait grimper.
"J'ai fait intervenir la Safer, la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural, pour une révision de prix et pour qu'elle préempte", raconte Alain Philippeau.
"C'est le rôle de la Safer que de réguler ces prix de cession", rappelle Alain Denieulle, vice-président de la Safer.
Le propriétaire a finalement retiré la parcelle de la vente. "Il ne veut plus nous la laisser. On a reçu l'ordre de ne plus mettre d'engrais ni de phyto", explique Vincent Philippeau.
Quatre hectares subtilisés
Mais alors, que devient le blé bon à récolter ? Jeudi 13 juillet, une moissonneuse est entrée en action. Quatre hectares de blé (240 quintaux environ, au prix de 20 € le quintal) ont été subtilisés.
" On a été prévenus par un passant. Nous sommes intervenus pour faire cesser la récolte. Avec arrogance, Antoine Legendre a tenté de justifier. Nous sommes mandatés par le propriétaire pour récolter le blé", rapporte Vincent Philippeau.
La machine a fini par quitter la parcelle. " Dès le vendredi j'ai déposé plainte pour vol de récolte", indique Vincent Philippeau.
Frédéric Robert, secrétaire de la FDSEA, dénonce un "accaparement de terres par un petit pourcentage de collègues".
Selon lui, c'est "une pratique qui dure depuis de nombreuses années sur le Segréen comme ailleurs".
Alain Denieulle indique " que le propriétaire n'a pas le droit de récolter s'il n'est pas agriculteur, il n'a pas le statut pour récolter, même si la parcelle lui appartient ". En l'occurrence, l'autorisation d'exploiter appartient aux Gaec. " S'introduire sur la parcelle et partir avec la récolte, c'est du vol", confirme-t-il.
Une crainte pour l'avenir
Excédés, les agriculteurs ont organisé une manifestation vendredi 21 juillet. La trentaine de présents dénonce ces pratiques. Ils mettent en cause l'administration qui, selon eux, "ne joue pas son rôle".
Avec de très nombreux départs en retraite prévus ces prochaines années, leur crainte est de voir toutes les terres libérées passer dans le giron d'exploitants toujours plus gourmands d'hectares. "Les bornes sont dépassées. On ne peut pas s'octroyer des droits qu'on n'a pas. Quand on a 800 hectares, il faut savoir s'arrêter", conclut Alain Denieulle.
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.