Tiken Jah Fakoly était sur la scène Médiator du V and B Fest' dimanche 27 août dès 17 h 45. Rencontre avec cet artiste ivoirien.
Comment était le public mayennais du V and B Fest' ?
Il était très bien. Bien qu'on ait joué tôt, ils étaient là. Ça nous fait plaisir. J'ai vu le public écouter, réagir quand il fallait. C'était un bon concert. Même si on fait l'ouverture, on a toujours les fans qui viennent, les gens qui viennent découvrir parce qu'ils ont entendu parler aussi.
Comme à votre habitude, vous avez amené vos textes engagés à Château-Gontier ?
C'est le reggae, le reggae doit être engagé. La différence entre le reggae et beaucoup de musiques, c'est le message. Le reggae a toujours été combattu par les politiques. Ce que le reggae dit, les politiques ne veulent pas que ce soit dit.
Quelles sont ces convictions que vous emmenez partout ?
Je défends la planète, mais aussi la liberté de l'Afrique.
C'est un paradoxe incroyable. Quand on parle de l'Afrique, les médias en Occident disent que c'est l'un des continents les plus pauvres. Après on dit que l'uranium vient du Niger, que le cacao vient de Côte d'Ivoire, que le manganèse vient de Guinée etc.
L'Afrique a été appauvrie mais nous nous battons pour protéger nos matières premières.
Tous les dirigeants africains qui ont voulu libérer l'Afrique du colonialisme depuis 1960 ont été soit assassinés, soit éjectés du pouvoir. C'est ce combat qu'on emmène partout.
Dans votre chanson L'Africain, vous dites : "Nous sommes tous Ivoiriens". Qu'entendez-vous par cette expression ?
En Côte d'Ivoire, il y a plusieurs ethnies. Nous avons connu la guerre civile. Nous avons connu la manipulation des hommes politiques qui a amené notre pays à la guerre. On était divisé et j'ai fait cette chanson à ce moment-là.
Comment en êtes-vous arrivés à cette musique qui porte vos combats politiques ?
J'écoutais Bob Marley. J'étais dans mon petit village et bien que je ne comprenais pas ce qu'il disait la vibration me faisait sentir quelque chose.
J'ai demandé qu'on m'explique ce texte. Quand j'ai découvert ce qu'il disait, j'ai eu l'impression qu'il parlait pour moi.
Puis, j'ai découvert en moi un talent et j'ai décidé de le mettre au service du message, du combat parce que c'est Bob Marley qui m'inspire.
Malgré vos textes engagés, vous parvenez à retourner en Côte d'Ivoire ?
Oui, j'y vais très souvent. Les problèmes que j'ai c'est que j'ai du mal à avoir des sponsors pour les spectacles. Il y a toujours un prix à payer à l'engagement. Mais je pense que quand on a décidé d'être la voix des sans voix, il faut payer le prix.
Au V and B Fest', vous pensez avoir convaincu de nouvelles personnes ?
Je pense. C'est la première fois qu'on passe ici. On a eu nos fans qui étaient là mais aussi beaucoup de personnes qui nous ont découverts.
Ce n'est pas un festival reggae. Ça veut dire qu'on était en terrain étranger ce soir mais vu la réaction du public, je pense qu'on a eu de nouveaux fans ce soir.
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