Sur le pourtour des champs de maïs, les dégâts sont minimes. Pourtant, lorsque l'on s'aventure entre quelques plants dressés encore fièrement avant les premières moissons, le décor est bien plus abîmé.
Du 1er au 30 août 2023, 1 hectare de maïs a été saccagé par les sangliers, sur les 8,80 ha que compte l'exploitation des frères Buchot. Pourtant, le nombre de sangliers chassés a augmenté. Les prélèvements sont passés de 2 500, en 2019, à 4 000 l'an dernier.
"En 2019, dans le département, on était autour de 80 ha détruits, contre 150 entre le 1er juillet 2022 et le 30 juin 2023", explique Claude Charron, responsable gibier de la Fédération départementale des syndicat d'exploitants agricoles (FDSEA 53).
"Les sangliers progressent de plus en plus, on ne peut pas tout admettre, on est en Mayenne, pas en Sologne. On veut que le travail soit fait, que le sanglier soit chassé. Point", ajoute-t-il, agacé.
"Les dégâts sont partout"
"Déjà que c'est un crève-cœur de voir que le maïs que l'on plante est détruit, en plus les dégâts sont partout, on compte 1 ha en tout, mais c'est sur l'ensemble des champs."
Récolter le maïs abîmé ? Pas question, pour ces éleveurs de vaches laitières. "Il suffirait que des bactéries ou des cailloux se glissent dans les silos et c'est l'ensemble de la production de lait qui est contaminée. On ne peut prendre aucun risque. Les plants sont inexploitables."
Le Gaec Saint-Ouen est entouré par la forêt privée de Chemazé. Les agriculteurs pointent du doigt les actionnaires mayennais des bois privés : "En Mayenne, l'économie est forte, d'une année sur l'autre plus les propriétaires ont des cochons plus ils peuvent louer pour la chasse. Ici, la chasse est un business. L'agrainage des sangliers est strictement encadré. Il permet d'occuper les bêtes et de les tenir à distance. Ces actionnaires font du nourrissage, c'est bien différent."
La fin de l'agrainage ?
Parmi les quatorze mesures proposées lors de l'accord national signé au salon international de l'agriculture, en mars 2023, les agriculteurs de la FDSEA souhaitent que le tir à l'affût et la fin de l'agrainage soient accélérés.
"On veut que ça bouge avant la fin septembre. On a contacté l'Office français de la biodiversité qui nous a invités à se tourner vers le lieutenant de louveterie assermenté Claude Métayer, pour organiser une nouvelle battue, mais nous n'avons pas eu de réponse avec les vacances", ajoutait Benoît Buchot, mercredi 30 août.
À noter que les démarches d'indemnisation des pertes sont désormais simplifiées.
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