Plus d'un an après la publication de son premier ouvrage aux éditions L'Iconoclaste Trois soeurs, l'autrice Laura Poggioli sera présente à la médiathèque du Pays de Château-Gontier (Mayenne) vendredi 15 septembre, dès 20 h. Avant cette rencontre dédicace, elle se confie sur son ouvrage.
De quoi parle ce livre ?
Laura Poggioli : Il s'agit d'un livre inspiré de faits réels autour de trois sœurs russes, Maria, Angelina et Kristina Khatchatourian, qui ont tué leur père un soir de juillet 2018 à Moscou. Cette affaire a eu un très large écho médiatique en Russie car on a appris qu'elles étaient victimes de graves violences de la part de leur père. Cela a été signalé par les voisins, l'école, mais rien n'était mis en place.
Au niveau de la législation, il n'y a rien qui protège les victimes de ces violences. Sans compter le fait qu'il y a une dépénalisation des violences domestiques depuis 2017 dans le pays.
Pourquoi avoir choisi de raconter cette histoire ?
L. P. : J'ai appris le russe au lycée Joachim-du-Bellay d'Angers vraiment par hasard.
Je suis allé en Russie en terminale, avant d'y retourner pendant mes études. J'y ai vécu pendant un an et demi, j'habitais à Moscou. C'était en 2004-2005, j'avais 19, 20 ans. Il y avait encore peu d'Occidentaux à cette époque.
La genèse de ce livre est venue en novembre 2019, lors de mon dernier voyage, plus d'un an après le mouvement Me Too. En me rapprochant d'activistes et de personnes qui se battent pour les droits des femmes, je découvre cette histoire et à quel point la société s'en était saisie.
D'un côté, il y a ceux qui pensent que ces trois sœurs ont tué leur père et que ce n'est pas de la légitime de défense. De l'autre, au contraire, il y a ceux qui pensent que ça l'est.
Au début, j'étais partie sur un projet de film documentaire. J'ai contacté l'avocat des filles mais, avec la pandémie, je suis partie sur un ouvrage. Plus je creusais, plus je découvrais des chiffres atterrants.
II y a aussi une partie intime dans ce récit…
L. P. : En Russie, j'ai vécu une histoire d'amour avec un jeune Russe, violent. C'était de la violence psychologique et un peu physique. Il y a donc une partie de récit intime, une vraiment fictionnelle mais avec un peu le fil rouge qui est le quotidien de ces trois sœurs.
Il y a certes une partie plus documentaire avec les violences mais ça me permet de tirer plusieurs fils comme le rapport homme femme, l'impact du totalitarisme, le féminicide, etc.
Dans la partie plus intime, je m'interroge. Pourquoi je suis restée avec ce jeune homme russe alors que j'avais tous les codes ? Je m'interroge sur le rapport plus large aux hommes et un peu sur mon histoire familiale. Ça me permettait de sortir de la Russie.
Un mot sur votre parcours ?
L. P. : Née à Angers, depuis toute petite j'écris des poèmes, des petits textes, donc j'avais déjà cela en tête. En sortant d'HEC et Sciences Po à Paris, j'ai travaillé dans un cabinet d'audit financier à La Défense. Quand j'ai eu ma fille aînée, je me suis dit que je ne pouvais pas continuer à travailler dans la finance. J'ai été professeure de Lettres pendant quatre ans. Il y a cinq ans, j'ai commencé à travailler en freelance et organiser ma vie. C'est là que j'ai commencé à écrire.
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