Les usages
Sylvain Lacôte, responsable des milieux aquatiques du syndicat du Bassin de l'Oudon, entre Craon et Segré, explique que les plans d'eau sont souvent « millénaires ». Créés la plupart du temps en zone humide « au fond des vallées », ils ont été au départ sources d'abreuvement, d'énergie (avec les moulins), de pisciculture.
« Dans les années 1980, on est passés à une phase d'agrément. Des particuliers, des collectivités ont voulu leurs plans d'eau pour le plaisir d'en avoir un. Beaucoup de plans d'eau n'ont pas été déclarés. »
La réglementation
Longtemps peu soucieuse des problématiques environnementales, la réglementation a évolué. La loi sur l'eau en 1992 a défini un cadre pour mieux lutter contre les pollutions. L'eau fait partie du patrimoine commun de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d'intérêt général.
L'usage de l'eau appartient à tous. « La politique de gestion de l'eau dit stop aux abus, tels les calibrages coupant les méandres », indique Joël Roncin, vice-président du syndicat du Bassin de l'Oudon, en charge des milieux aquatiques.
Joël Roncin complète : " Les plans d'eau doivent être déclarés. Avant d'en acheter un, il faut s'assurer qu'il est légal auprès de la DDT (direction départementale des territoires), la police de l'eau. En Mayenne, quand l'étendue d'eau est supérieure à 1 000 m2, le notaire est tenu de demander à la DDT s'il est déclaré. "
Sylvain Lacôte file la métaphore : " Un plan d'eau illégal, c'est comme construire sa maison sans permis. Si celui-ci est sur le cours d'eau, il sera très difficile de le régulariser. "
Impacts
Joël Roncin admet que « les plans d'eau connectés sur les cours d'eau sont ceux qui ont le plus d'impact sur le fonctionnement des rivières. En période de sécheresse, ils peuvent provoquer des ruptures d'écoulement. La stagnation entraîne le réchauffement de l'eau, défavorable aux organismes vivants, jusqu'au développement d'algues et cyanobactéries. »
Quant à prendre position sur l'« évaporation de l'eau », Sylvain Lacôte s'abstient car « il y a un débat scientifique sur le sujet, qui n'est pas tranché ».
Les plans d'eau sont des « pièges à sédiments », le stockage est source d'envasement. « Quand on vidange, on envoie beaucoup de matières en suspension, avec des impacts sur la faune, la qualité de l'eau », déclare Joël Roncin.
Sylvain Lacôte insiste : « La vidange doit être régulière, et pas avant le mois d'octobre. Les plans d'eau non gérés se vident d'eux-mêmes, la digue n'étant pas entretenue se brise. Un plan d'eau, ça se gère donc avec un débit minimum, pour éviter l'à sec du cours d'eau. »
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