Lionel de Messey, habitant à La Jaille-Yvon, près du Lion-d'Angers, évoque l'aventure de son trisaïeul, le comte Léon de Messey, dans l'activité du vin. Né en 1823, mort en 1902 à Barcelone, il avait fait l'école navale de 1839 à 1849, s'était installé au château de Loncheray, à La Jaille-Yvon. « En tant qu'administrateur des terres, en 1861, il constata que, sur les coteaux qui descendent vers la rivière la Mayenne, les terres étaient d'un bon rapport. »
En autodidacte
« En 1866, après avoir lu un ouvrage sur les vignes du docteur Guyot, Léon de Messey voulut se lancer. Il fit planter 1,59 hectare, 13 000 plants de gamay de Liverdun. Le processus de création d'un vignoble fut long : il fallait défoncer le terrain, enrichir la terre. Dix hommes s'y attelèrent pendant douze jours, rémunérés 2 francs la journée. »
En 1868, la première vendange eut lieu. Le vin était de bonne qualité. Il en fut vendu cinq barriques (11,25 hectolitres).
En 1869, la surface du vignoble s'agrandit de 3,50 ha. Le comte de Messey met du cabernet, du malbeck et du pinot blanc d'Anjou. « Il en tire 30 barriques, dont deux réservées pour le château. Autodidacte, il avait vendangé un peu tôt, reconnaîtra-t-il dans ses lettres. »
En 1870, Léon de Messey complète la vigne avec du jurançon et du gamay. « La production se développe : 375 barriques de rouge, 102 de blanc, et 100 litres d'eau-de-vie, 131 litres en 1874. Encouragé par ces résultats, il se décide à créer un chai. Il fait appel à l'architecte Bibard, qui estime la construction à 24 000 francs. Il en coûtera en fait 15 000 francs grâce à la main-d'œuvre locale », observe Lionel de Messey. « Il aura fallu creuser dans le talus schisteux pour faire les caves et un bâtiment au-dessus, le tout de plain-pied. Le bâtiment était long de 41,70 mètres et large de 14,70 mètres. Le chantier prit deux ans. »
La reconnaissance
En 1877, l'entreprise connaît son heure de gloire. Léon de Messey est récompensé au concours régional agricole d'Angers. Il décroche la médaille de bronze pour son vin rouge et son vin blanc. « Financièrement, le chai était à l'équilibre. Il en livrait à la société de l'Union à La Jaille-Yvon et à quelques acheteurs à Château-Gontier, à Ménil, au Lion-d'Angers », indique Lionel de Messey. « C'était une vraie gageure d'avoir un vignoble, mais c'était bien vu sur ces terres caillouteuses. » Le vignoble a pâti de l'oïdium et du phylloxéra. En 1891, la vigne est recréée à partir de plants américains. « Après 1932, les vignes tombent en désuétude. » Avec le réchauffement climatique ces dernières décennies, l'idée de replanter de la vigne pourrait renaître. À Saint-Denis-d'Anjou, c'est le cas depuis 1997. Alors, pourquoi pas à nouveau à La Jaille-Yvon ?
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