Depuis le mois d'octobre, la librairie M'Lire Anjou et la médiathèque de Château-Gontier (Mayenne) ont lancé la première édition du prix Shiro. Un prix manga témoin de l'impact et de l'adhésion de ce support sur le territoire.
Élargir l'offre
"Les mangas de la sélection enfants du prix partent vie", explique Pauline Reminiac, bibliothécaire jeunesse en charge des acquisitions mangas à la médiathèque et à l'origine du prix manga. "J'ai même pris en double les tomes pour que ça tourne. J'ai des enfants qui reviennent après nos présentations de la sélection dans les écoles et qui en plus demandent ce qu'on a dans le même style."
Longtemps de niche, le manga est de plus en demandé dans les médiathèques depuis quelques années. À Château-Gontier, il représente 5 % de tout ce qu'il y a à la médiathèque. "On a 208 séries pour 1 756 tomes. On reçoit une vingtaine de mangas tous les deux mois. Quand on regarde notre top 100 de l'année 2023 des ouvrages empruntés à la médiathèque, à partir de la 50e place, on retrouve des noms comme One Piece, One Punch Man ou encore Fairy Tail. Fairy Tail représente par exemple, 20 prêts par an."
Du côté des vingt bibliothèques et médiathèques du Pays de Craon, début décembre, le manga représente un peu plus 2 % des prêts de l'année 2023 soit 2 565 sur 121 846 prêts. "En 2019, nous avions prêté 1 250 mangas, 1 532 en 2021 et 2 731 en 2022", indique Laurent Cotto, responsable du fonds BD du réseau de lecture publique de la communauté de communes du Pays de Craon. "Il y a donc eu une très forte évolution sur les deux dernières années."
De plus en plus jeune
Selon lui, cet essor du manga dans le Craonnais s'explique par "une offre plus importante" marquée par des achats spécifiques de mangas en 2022 grâce à une subvention du CNL (Centre national du livre) et l'aide d'un stagiaire en licence professionnelle Métiers du livre. Ajoutons à cela, une plus grande utilisation de la part des lecteurs du catalogue en ligne, de l'application et du système de réservations.
Plus précisément, la demande concerne surtout les shonens (mangas pour les jeunes garçons préadolescents). Cependant, la cible est parfois de plus en plus jeune comme à Château-Gontier. "On a une moyenne d'âge de 11-12 ans, mais depuis deux ans, on a une demande venant de 7-8 ans", souligne Pauline Reminiac.
Selon Jean-Luc Mahé, la tranche d'âge qui lit le plus les mangas est celle des 10-15 ans. - Charlie Creteur
"J'entends moins de remarques négatives"
Si du côté de la médiathèque de Château-Gontier, les étagères ont été resserrées afin de gagner un rayon pour stocker les mangas, du côté de celle de Segré, on est passé d'un simple bac à trois étagères.
"Je vois des enfants qui viennent le vendredi qui prennent une pile et qui reviennent le vendredi d'après la rendre pour prendre une nouvelle pile", explique Jean-Luc Mahé, responsable de la médiathèque de Segré, mi-décembre. "J'ai commencé il y a quelques années avec les Hunter X Hunter. Par rapport à avant, j'entends moins de remarques négatives sur le manga de la part de parents ou enseignants."
Face à une demande forte de shonens et pour éviter une certaine frustration pour les enfants souhaitant poursuivre une série, la médiathèque de Segré peut compter sur le Bibliopôle. "On nous prête une centaine de mangas par an. Là, on a eu du shojo (mangas pour un public féminin, jeune) par exemple, car on a aussi des filles qui empruntent. Dans l'année, je dois aussi faire deux commandes de mangas soit d'autres séries ou je complète. La dernière que fois j'ai commandé, il y en avait une trentaine."
Cette forte demande se fait aussi ressentir sur le réseau de la commune nouvelle.
"Il y a une demande des bibliothèques des communes déléguées afin d'avoir des mangas. On est également en réflexion sur le fait de faire des sélections." Jean-Luc Mahé constate cependant que le manga "fonctionne moins" chez les adultes.
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