En ce début d'année 2024, Daniel et Raymonde Gohier ont tenu à rendre hommage à l'un des membres de leur famille, Charles Gohier, mort dans les tunnels de Dora, il y a de cela 80 ans.
Quelques recherches
Daniel Gohier explique que, lors d'une cousinade des descendants « Gohier Louis, la Deniolaie du Tremblay » en 2016, chaque branche présente avait préparé un arbre généalogique.
« Il en manquait une : celle de Charles Gohier, dont le fils aurait disparu après une arrestation par les Allemands », indique-t-il. « Il n'y avait plus de témoins et aucune photo de famille. »
De ce fait, des membres de cette famille segréenne ont souhaité en savoir plus. « Emmanuel Drouin s'est mis en quête de documents et a retrouvé un dossier notamment près du Mémorial de Caen. Nous avions donc une histoire officielle concernant Charles Gohier né en 1923 à Segré et décédé le 1er janvier 1944 à Dora. »
De leur côté, Joseph Bossé et Suzanne Andorin « ont retrouvé et rencontré les descendants de la maman de Charles, à Cheffes. Ils ont conservé quelques photos et documents familiaux. » Daniel Gohier a contacté Laurent Thiery, auteur de l'ouvrage Le livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora, paru en 2021, qui lui a confirmé que Charles Gohier y figurait. « Nous avons pu compléter sa fiche avec les documents familiaux. »
Le livre a été remis à plusieurs familles de la région lors d'une cérémonie au Mémorial de Mayenne en juin 2021. « Nous étions une douzaine de cousins très émus, peut-être pour la première réunion familiale en mémoire de Charles. »
Arrêté en 1943
Ainsi, les membres de la famille de Charles Gohier ont pu reconstituer avec émotion son histoire tombée dans l'oubli. On apprend notamment que « le jeune Charles Gohier, né en novembre 1923, vivait avec ses parents, place du Champ de Foire à Segré. Son père était marchand de cochons et y tenait un café. Il travaillait pour le compte de son père. »
À 20 ans, il a été arrêté le 29 avril 1943 dans un café par la gendarmerie de Segré. Le motif ? « Vol d'objets et matériels divers fournis par la municipalité à destination des Allemands », sous le régime de l'occupation.
Transféré à la prison d'Angers le 1er mai, il sera jugé « sans poursuite judiciaire », mais il est livré à la Gestapo.
Il est envoyé en déportation vers le camp de transit de Compiègne, le 29 juin. Il y reçoit le matricule 16140.
« Le 2 septembre 1943, il fait partie d'un convoi de 1 000 détenus transportés en wagons à bestiaux. 947 arriveront le 3 septembre à Buchenwald. Charles recevra le matricule 20502. »
Mort le 1er janvier
Il est affecté au déblayage et creusement des galeries de la mine de Dora, le 29 septembre. Là où sera installée l'usine secrète des fusées V1 et V2, sous la direction de Wernher Von Braun.
« À Noël 1943, il y a à peu près 10 000 prisonniers qui travaillent et vivent dans les tunnels sans jamais en sortir ». Charles Gohier meurt le 1er janvier 1944 et est « inscrit sous le n° 895 sur un registre clandestin tenu par un médecin tchécoslovaque avec la cause épuisement. Les corps sont alors envoyés vers le crématoire de Buchenwald principalement. »
Pour Charles, la mention « mort en déportation » sera inscrite à l'état civil en 1993.
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