« À 79 ans, je suis la gardienne de tout, lâche de but en blanc Annick Guitton-Goutard. De l'église en tout cas, et cela depuis une vingtaine d'années. » Née au Lion-d'Angers, de parents coiffeurs place de l'Église, elle s'est mariée dans cette ville où son frère, Bernard, a été diacre. « Il est décédé il y a trois ans, il a fait beaucoup. »
Pieuse, Annick a fait sa communion en l'église Saint-Martin-de-Vertou. Plus tard, elle est partie à Avrillé puis à Angers pour suivre son mari qui travaillait à l'ex-ETAS (établissement technique), une emprise de la Direction générale de l'armement.
Les clés à 50 ans
À la retraite, le couple est revenu vivre au Lion-d'Angers. Annick s'est investie dans la catéchèse. Et sous le ministère du prêtre Michel Garbaud, les clés de l'église lui sont remises. « J'avais près de 50 ans, je crois. » Le quotidien d'Annick est calqué sur le rythme de la vie de l'église. Elle en ouvre les portes tous les matins à 9 h 30, avant de les fermer en fin d'après-midi, quelquefois avec ses petites-filles. « J'habite à côté, c'est pratique. » Ce qui lui permet aussi de garder un œil sur l'édifice classé aux Monuments historiques depuis 1984, notamment pour ses peintures murales du XVle siècle : « Je surveille pour éviter parfois des bêtises. » Charitable, elle est venue récemment en aide à un jeune sans abri.
Elle assume des responsabilités aux côtés du curé de la paroisse et des laïcs : « Je commande les bougies. J'accompagne les proches des défunts, les futurs mariés et les parents qui veulent faire baptiser leur enfant. J'en passe, des heures. Avec une amie, Noëlle, je range pendant une heure et demie. » Annick a longtemps assuré le ménage dans l'église, « mais maintenant je ne peux plus ». Enfin, la Lionnaise aime égayer l'autel de fleurs chaque vendredi ou samedi.
En paix
« Les gens ne se rendent pas compte du temps que je passe à l'église », lâche Annick. D'après elle, « on ne trouvera plus personne pour faire tout ça. Il faudra trouver une autre solution », laisse-t-elle entendre. Cependant, ce sacerdoce, Annick l'a voulu. Elle ne le regrette aucunement. Les yeux embués, elle avoue : « Je n'ai pas eu une vie facile. Mais quand je viens dans cette église, je me sens bien. Je me trouve en paix. » Une chose lui fait énormément plaisir : « C'est quand je vois des jeunes qui se souviennent que je leur faisais la catéchèse. Cela me fait chaud au cœur. »
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