"On marche sur la tête" était le nom de l'action des agriculteurs qui ont retourné les panneaux de ville pour alerter les élus sur les règles absurdes. Cette mobilisation a conduit à un soulèvement massif en France.
La FDSEA et les JA ont voulu, dans l'exploitation de Benoit Quémeneur à Courbeveille, prouver l'absurdité de la "suradministration" à laquelle ils sont confrontés.
La règle change à la fin du chantier
Benoît Quémeneur est éleveur bio en porcs.
Fin 2020, il dépose le permis de construire d'un futur bâtiment en fonction des normes en vigueur qui demandaient 5 % de toits non couverts pour créer "des courettes et sortes de terrasses pour ses porcs", expliquent les responsables FDSEA et JA.
L'agriculteur s'exécute. Son bâtiment terminé, il fait rentrer ses porcs le 10 janvier 2022.
Problème : entretemps (octobre 2021), la règle a changé et impose à ceux qui sont en conversion après le 1er janvier 2022 d'avoir un bâtiment avec 50 % de découverture.
Pour dix jours donc (car la date prise en compte est celle de l'entrée des porcs dans le bâtiment et non du dépôt de permis de construire) on lui demande de déconstruire.
Il est excédé. "J'envoie des courriers, j'appelle l'INAO (Institut national de l'origine et de la qualité), mais rien. On dirait qu'il n'y a personne dans leur bureau."
Pire, "on me demande des plans de progrès. Franchement, le prochain que je leur ferai, ça sera en déboulant dans leurs locaux !"
Benoît a une dérogation actuellement pour poursuivre en l'état, "mais elle prendra fin en 2026".
Pas de cohérence
"On nous met devant le fait accompli alors qu'on suit les règles, mais que celles-ci changent en cours de route. D'un point de vue sanitaire c'est aussi à discuter car le surplus de pluie tombera dans les courettes, se mélangera aux excréments. On aura donc un volume d'effluents supérieur, cela demandera davantage de paille, etc."
Il avait imaginé ce bâtiment aux normes de manière "à ce qu'il soit rentable et qu'il corresponde à mon exploitation, dans laquelle je suis seul à travailler". Avec les nouvelles normes, cela lui demanderait cinq heures de plus par semaine.
La FDSEA a interpellé les parlementaires, demandé un rendez-vous avec la préfecture et que les décideurs de l'INAO se déplacent. Mais les syndicats agricoles veulent aussi passer des messages : "On a des règles européennes, française, intercommunales, etc. qui se cumulent sans cohérence, [...] il faut une réflexion d'ensemble [...] et prioriser la souveraineté alimentaire."
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