« Pour une histoire de croyance »
Dajmel (nom d'emprunt) a 56 ans. Il est tunisien.
« Je vivais en Tunisie, j'avais une très bonne situation. Je vivais avec ma femme et mes enfants dans une maison, j'avais ma voiture, une société, etc. Je gagnais très bien ma vie. Mais pour un problème de croyance, tout a basculé », explique-t-il.
Il se sentait chrétien mais sans oser le dire. « Je le cachais, mais un jour la police est venue me chercher. La première chose que m'a dite le policier est que pour passer de l'Islam au christianisme, il fallait que je meure. »
Il est alors « harcelé » avec sa famille.
Le destin fera qu'il arrive en France et devra travailler au noir.
Finalement, il rejoint Emmaüs. « Je reprends espoir ici. Le fait de manger tous ensemble, comme une famille, avec des Français avec qui nous échangeons est très important pour moi. Rentrer dans la culture du pays qui t'accueille, accepter ses règles, ses devises est indispensable », explique celui qui se disait déjà en Tunisie tourné « vers la mentalité européenne ».
Il sort alors son portable et lit la citation de l'abbé Pierre affichée dans les locaux d'Emmaüs à Villiers-Charlemagne, qu'il a prise en photo. Elle se termine ainsi : « Ici on t'aime. »
Il conclut : « Voyez ça, ça change tout pour un homme. »
« Mon parcours est désagréable depuis l'enfance »
Ousmane a, lui, 43 ans. Il est originaire de Guinée.
« Mon parcours est désagréable depuis l'enfance mais je croyais qu'en grandissant ça changerait », explique l'homme marqué par la vie.
Sur fond de sectes, « les conflits familiaux sont nombreux. J'ai trop de souvenirs bizarres encore ».
Les parents chrétiens d'un ami le prennent alors sous son aile. « Ils m'ont, eux, intégré, scolarisé, etc. »
Cette amitié entre Ousmane, qui est musulman, avec des chrétiens, ne passe pas.
Il sera persécuté, son commerce sera « vandalisé » par des membres de sa propre famille, il sera « brutalisé avec plusieurs coups de couteau reçus » et finira même « enfermé dans un coffre puis laissé pour mort dans la brousse ».
Il en profite pour fuir.
Après un long voyage qui le fera passer par le Mali, le Burkina-Faso, le Niger avec de multiples difficultés, et la Libye, il arrive en France puis à Emmaüs.
« Dès le premier jour ici, j'ai commencé à retrouver l'espoir de revoir mes deux enfants un jour. Je me sens mieux. Je n'aurais de cesse de remercier tout le monde ici. »
Pratique : Ouverture du magasin Emmaüs, route d'Angers, samedi 17 février, de 10 h à 12 h et de 14 h à 17 h.
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