Une petite fille a subi les gestes déplacés de son grand-père pendant quatre ans de 2010 à 2014 à Château-Gontier. La famille est "recomposée" quand son père épouse une seconde femme et impose de nouveaux grands-parents à l'enfant.
Lorsque les parents s'absentent, les grands-parents ont la garde de leurs petits-enfants, ceux issus de la première union et ceux de la deuxième.
Ils sont habitués "à faire attention à ne pas croiser le pervers".
"C'est quoi ces petites bottes-là ?"
Le grand-père, ancien gendarme, vient par-derrière en posant ses mains sur le postérieur, l'entrejambe et la poitrine de la jeune fille en commentant : "C'est quoi ces petites bottes-là ?" La petite fille se sent perpétuellement traquée par le vieux prédateur.
En 2021, l'enfant est devenu une jeune femme et le mal-être occasionné par ces mauvais souvenirs ainsi que les conseils d'un psychiatre la poussent à porter plainte.
Le vieil homme est aujourd'hui âgé de 80 ans, fatigué et assis devant le tribunal.
Il est sujet à des problèmes cognitifs, ne se souvient pas de tout mais ne nie pas les faits qui lui sont reprochés.
Dans la famille il est connu pour ses "chatouilles", surtout avec les jeunes filles.
Il se défend en assurant que ses caresses ne se faisaient jamais à même la peau et sort un papier de sa poche pour lire sa contrition envers la jeune victime qui se trouve derrière lui. Il ne l'a jamais revue et leurs regards ne se croiseront pas pendant l'audience. Son casier judiciaire est vierge et il est lui-même retraité de la gendarmerie.
Les facultés de l'accusé
Les faits étant sans ambiguïté, les débats vont surtout porter sur son état mental. La présidente pose le problème de ses facultés intellectuelles, qui l'empêchent d'assurer sa défense et met en avant le rapport d'expertise du psychiatre. Faut-il désigner un neurologue et renvoyer le procès ? Ce n'est bien sûr pas l'avis de la partie civile. La jeune victime, qui s'est avancée pour témoigner, remarque que le prévenu "se souvient de beaucoup de choses dont elle-même ne se souvenait pas".
Le Parquet s'interroge à son tour sur la possibilité d'un renvoi et affirme que la santé du grand-père ne pourrait que se détériorer dans l'attente d'un second jugement. La magistrate constate les atteintes sexuelles et la culpabilité de l'octogénaire. Elle propose malgré tout une dispense de peine.
La version de la défense est à l'encontre de la plaidoirie adverse. L'avocate préfère le terme de "chatouilles" à celui d'attouchements. Elle rappelle que l'expert psychiatre a déclaré son client incapable d'assurer sa défense.
Le tribunal prononce une peine d'emprisonnement avec sursis de 10 mois.
Le nom de l'ancien gendarme figurera sur le Fijais (fichier des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes) et il devra indemniser la victime à hauteur de 3 000 € pour son préjudice moral et 1 000 € pour les frais de procédure.
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