Depuis vingt ans, le médecin retraité étudie le sujet. Il a beaucoup lu sur « le scandale absolu de notre siècle : la pauvreté », selon François Morin, 80 ans, un habitant de Craon. Et son constat est sans appel : « Je n'ai trouvé que des solutions à la petite semaine. »
Militant, engagé, presque politique, son ouvrage de 295 pages Un nouvel Eden vise à abolir ce fléau de la pauvreté. La pauvreté touche 46 % de la population mondiale (avec moins de 5,50 $ par jour). « En France, 13,6 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, et 18 % d'Européens. » Il observe que « lorsque les États se regroupent pour être plus forts au niveau économique, le système ultralibéral ne fait que l'accentuer ».
Maux et remèdes
Un nouvel Eden, tiré à 100 exemplaires, préfacé par Guillaume Garot, ancien ministre délégué à l'agroalimentaire, tente d'expliquer « cette passivité » à l'origine de la pauvreté. François Morin a relevé six raisons : « l'art de se comparer dans la société (il y a toujours plus pauvre que soi) » et « plusieurs messages subliminaux » bien ancrés dans les têtes. Il les énumère : « Le premier, c'est l'enseignement de la religion. Il est acquis : heureux les pauvres, le royaume des cieux leur appartient. Les pauvres ont une utilité. » L'auteur mentionne « la culpabilisation des pauvres : ils n'ont qu'à travailler ». Troisième cause, « une certaine impuissance, l'idée qu'on ne peut rien faire ». Enfin, « le libéralisme », qui pousse à « réduire la masse salariale ». L'État serait complice : « La pauvreté est nécessaire au débat démocratique. » Malgré les efforts de l'ONU et des ONG, « le manque d'argent empêche d'être efficace ».
À ce stade, l'auteur du livre avance des solutions : « On voit bien que le capitalisme mène à la catastrophe, qu'il ne veut pas payer le social. » Et « la solidarité a ses limites, liées au porte-monnaie de chacun ». François Morin veut créer « le Fonds mondial de l'écologie et de la solidarité » qui financerait « un travail décent pour les pauvres » et, en outre, des mesures d'écologie. Pour ce faire, « il nous faut des démocraties vivantes, des commissions de territoire de proximité, le soutien de tous les courants de pensée, la paix ». Il estime qu'il faut « contrôler les revenus individuels de 1 à 16,5 fois 1 800 € nets ». Certains le prendront pour un utopiste. Lui répond : « Abolir l'esclavage était une utopie. Le monde est trop dangereux pour rester spectateur. »
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