Ces souvenirs sont gravés comme au fer rouge. Il se souvient de tout : les odeurs, les noms des camarades et des maîtres, la taille des pièces demandée. Joseph Grosbois, retraité depuis 1989, a été minier, d'abord aux Ardoisières de Bel-Air. En 1982, à la fermeture du site, il est parti finir sa carrière à La Pouëze. La différence de qualité des ardoises - il y avait une plus forte présence d'eau à Bel-Air - a rendu le travail du natif de Noëllet bien compliqué.
Une carrière de fendeur
« J'ai eu la chance de travailler un an avec mon papa, lorsque je suis rentré comme apprenti. J'avais 15 ans, retrace Joseph Grosbois. Je l'ai vu la tête toute bleue », explique-t-il. Joseph Grosbois père est décédé en 1950, des suites de la silicose, la maladie des mineurs. Une pathologie qui a touché bon nombre de mineurs et dont la reconnaissance en maladie professionnelle a été très complexe.
Joseph fils a fait presque toute sa carrière en tant que fendeur : « Il fallait être agile. Et c'était difficile, certains restaient seulement quelques années. On fendait l'ardoise avec une presse. On utilisait nos genoux », raconte-t-il, devant une photo prise devant une machine du type, à La Mine bleue.
L'année après son service militaire, il a été mineur de fond et a travaillé à plusieurs postes : « Les affaires allaient mal, le patron ne pouvait pas me reprendre en tant que fendeur. »
Une mine de souvenirs
Des souvenirs, le discret Joseph Grosbois en a conservé de nombreux, et précieusement. Des petits morceaux d'ardoise sont posés dans son salon et les tiroirs du buffet et du secrétaire gardent les dossiers contenant des photos, images d'époque et coupures de journaux.
Dans quelques semaines, le livre Au Pays des gueules bleues de Nicolas Jallot complétera la collection. Joseph Grosbois y est en photo, comme la fresque du cercle de boule de fort de la commune. « À l'époque, les mineurs vivaient dans les maisons construites par le patron. Après leur journée, ils jardinaient pour avoir des légumes pour leur famille et, le dimanche, ils se retrouvaient à la boule de fort », explique Hervé Grosbois, très intéressé par l'histoire locale et le passé minier du territoire et notamment de son papa, fier de « transmettre ce patrimoine ».
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