Rejointes par des représentants d'associations vendéennes, sarthoises et de Basse Normandie, des personnes adhérentes de l'ADSVO (association de défense et sauvegarde de la vallée de l'Oudon) ont scandé « Stop à la destruction de nos barrages et à l'assèchement de nos rivières », jeudi 4 avril à Craon. Sur l'affluent l'Oudon en Mayenne, près d'une centaine d'ouvrages (moulins, étangs, plans d'eau et rehausses) ont été détruits au nom de la continuité écologique. « Or la directive européenne cadre sur l'eau de 2002 ne dit pas qu'il faille détruire les ouvrages. L'Europe demande seulement de restaurer les rivières, rappelle André Boutard, trésorier de l'ADSVO. Ce n'est qu'une interprétation de ceux qui ont la main sur la gestion de l'eau en Mayenne. Depuis 2008, 300 barrages ont disparu en Mayenne, aucun dans la Sarthe. » Des aménagements sont possibles : les passes à poisson, les vannes à guillotine, les contournements de rivières, le reméandrage des cours d'eau.
Utilité des barrages
« Supprimer des barrages pose un problème de ressource en eau dans un département, comme la Mayenne, déficitaire. 65 % de la ressource provient des eaux de surface, poursuit André Boutard. Donc il vaut mieux conserver les barrages. Ils ont leur utilité : ils permettent de stocker l'eau. » Le trésorier de l'ADSVO s'appuie sur les études scientifiques Powers et Al, en 2015, qui démontrent « l'intérêt des petits ouvrages sur la biodiversité, les poissons, la pollution. Les seuils et barrages ont un effet positif sur les pollutions en azote et phosphore des rivières ».
En soutien, l'ancien maire de Chailland, Hubert de Pontbriand, s'est exprimé : « Il faut ralentir l'eau au lieu de l'accélérer et polluer les estuaires. Les ouvrages permettent de réguler les débits, de prévenir les inondations et d'alimenter les nappes phréatiques. »
Paul Henri de Vitton, président de l'association Moulins de la Mayenne, explique : « L'abaissement des niveaux d'eau entraîne une diminution des zones humides. On n'a plus ni poisson ni oiseau là où cela a été fait. » Les pêcheurs sont inquiets.
Amaury de Penfentenyo, président de l'ADSVO, s'est montré incisif : « Des dizaines de millions d'euros ont été dépensés pour supprimer plusieurs centaines d'ouvrages sur le Vicoin, la Jouanne, l'Oudon, l'Argos, l'Ouette, la Vaige au lieu de les affecter à améliorer la qualité de l'eau des stations d'épuration. En 2017, des analyses ont fait état de la présence de 37 résidus de médicaments dans l'Oudon. C'est du gâchis. » Certains ont conduit à l'assèchement d'étang.
Louis Michel, vice-président du syndicat de bassin de l'Oudon, qui a la compétence de la gestion de l'eau sur le bassin-versant de l'Oudon, objecte : « On améliore la qualité de l'eau. On observe une baisse des nitrates et des pesticides. 19 % des masses d'eau en Mayenne sont en bon état. »
« Du bon sens »
Les opposants à la suppression des barrages n'en ont cure : « La loi Climat et résilience du 22 août 2021 interdit de détruire les seuils et barrages. Vous êtes hors la loi », a lâché le président de l'ADSVO. L'association Bien vivre en Anjou porte « le syndicat pour responsable de désastre écologique ».
Hubert de Pontbriand a invité, ce jour-là, les élus en formation par les techniciens du SBO à faire preuve de « bon sens » : « Comment avoir de l'eau si on n'est pas capable de la garder en hiver ? »
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