Après la grève des enseignants du collège du Val d'Oudon au Lion-d'Angers, suivie massivement, mardi 2 avril, l'action « collège mort », deux jours plus tard, a reçu l'adhésion d'une majorité des parents d'élèves. Jeudi 4 avril, seulement 17 collégiens sur 660 sont venus dans l'établissement.
Les personnels de l'Éducation nationale s'étaient regroupés devant le portail du collège en brandissant des pancartes avec des slogans tels que « Sans moyen, trier c'est enfermer ».
" Complexité et injustice"
À partir de la rentrée, les cours de mathématiques et de français seront organisés en groupes de niveau tout au long du collège. Dès septembre, cette réforme s'applique pour les élèves de 6e et de 5e, et en 2025 aux 4es et aux 3es.
« Cette réforme met le bazar en termes d'organisation, déclarent à l'unisson Pierrick Ramon, professeur d'histoire géographie, et Cécile Nuel, professeure de français au collège Val d'Oudon. En créant plusieurs groupes - un groupe classe, un groupe en français et un autre en mathématiques -, il sera difficile pour les enseignants de mettre en place les projets et d'assurer le suivi des élèves. » Ils ajoutent : « Pour des enfants qui entrent en 6e, et pour qui le passage au collège est déjà un choc d'intégration, ça va être difficile. »
À travers cette réforme, « une forme d'injustice » ressort aux yeux des enseignants : « On a une enveloppe d'heures pour ces groupes de français et mathématiques. Cela signifie qu'on ne peut pas les utiliser pour d'autres (les langues, les sciences...). Cela nous oblige à renoncer à des choix. »
Cécile Nuel et Pierrick Ramon dénoncent, notamment, l'abandon de la mixité sociale et la fin d'un modèle inclusif : « Pour les élèves en difficulté ou en classe Ulis (unité localisée d'inclusion scolaire), et ceux en situation de handicap accompagnés par des AESH, cette réforme est stigmatisante en les mettant dans des groupes faibles. » Mickaël Berthelot, professeur d'histoire géographie, a des mots forts : « Ce choc des savoirs qu'on veut nous imposer revient à bafouer l'égalité des chances. Le texte classifie les élèves. »
Crainte du harcèlement
Pierre-Yves, un parent d'élève à Val d'Oudon, confie : « Beaucoup de parents craignent la prochaine rentrée. On va trier des élèves, ce qui peut provoquer du harcèlement. »
« On n'est pas contre des aménagements, précise Cécile Nuel. On aimerait travailler en petits effectifs si on en avait les moyens. Pour ça, il faudrait plus d'heures. Cela aurait pu être pensé de manière intelligente en concertation. Mais ça vient d'en haut, sans discussion. Il y a beaucoup d'inquiétudes par le monde enseignant qui fait déjà face aux difficultés de recrutement. »
Les enseignants du collège Val d'Oudon envisagent, dans les prochains jours, d'organiser une réunion auprès des parents d'élèves des écoles pour les informer sur les conséquences de la réforme.
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