Fin mars, ils avaient annoncé sur les réseaux sociaux et aussi à leurs clients la future disparition de la dernière charcuterie traiteur de Segré, située rue Victor-Hugo. « La fermeture se fera la dernière semaine de juin, explique Valérie Boutet, 57 ans. Arrêter est à la fois un soulagement, car c'est difficile de tenir une entreprise avec les contraintes actuelles, mais ça remplit aussi tellement notre vie depuis si longtemps que ça va créer un manque. »
Parti à la retraite il y a sept ans, Philippe Boutet, 66 ans, est aujourd'hui conjoint collaborateur tandis que son épouse est la gérante de ce commerce.
Depuis 1990
Souhaitant mettre la boutique en vente, le couple marié était inscrit sur le site SOS Villages de 2017 à 2022.
« On n'a aucune retombée. On a eu des visites mais jamais d'offres et on nous a menés trois fois en bateau. En plus, on était d'accord pour que la reprise soit effective après les travaux dans la rue Victor-Hugo. » Face au poids de l'âge et après sept ans sans trouver de repreneur, Philippe et Valérie se sont mis d'accord pour arrêter en fin d'année 2024, non sans regret.
L'un, originaire de Redon, est issu d'une famille de bouchers et, à l'instar d'Obélix, est tombé dedans quand il était petit. L'une, originaire de Tours et ayant grandi dans les Côtes-d'Armor, a vu ses parents travailler dans une boucherie chevaline. « Philippe faisait les saisons en Côtes-d'Armor dans une charcuterie tandis que moi, pour payer mes études, j'étais responsable dans une briocherie depuis mes 16 ans, raconte Valérie. Nos deux patrons se connaissaient. »
C'est ainsi qu'ils se sont rencontrés, en 1987. En 1990, le 1er juillet, seulement quelques jours après leur mariage, ils décident de s'installer à Segré et reprennent l'ancienne charcuterie boucherie Rigaud avant d'ouvrir le 10 juillet. « À l'époque, on était cinq charcutiers traiteurs dans le centre-ville de Segré », précise Valérie.
Des souvenirs
Se voyant ici pour sept ans, ils y resteront finalement 34 ans, voyant leurs deux enfants et leurs trois petits-enfants grandir. Ils feront face à d'autres événements, comme les inondations des années 1990 à 2000. « On a eu plus d'un mètre d'eau dans le labo, en bas », se souvient Philippe.
« Deux jours avant le réveillon de l'année 1999 à 2000, la mairie de Segré a proposé de nous prêter les clés de la cantine de l'école Les Pierres-Bleues, comme on était inondé en bas, développe Valérie. On cuisinait là-bas pour ensuite tout ramener dans notre boutique. » Ils auront également fait face à « trois mauvaises années » marquées par la Covid ou encore les travaux dans la rue Victor-Hugo. Au fil du temps, certains de leurs clients sont devenus leurs amis.
« On a fait les baptêmes, des communions, les 18 ans d'enfants, sourient-ils. Notre plus vieille cliente va fêter ses 99 ans. » Si Valérie va devoir retrouver un travail après la fermeture, Philippe va pouvoir s'adonner à une autre passion, le cheval, au centre équestre de Segré. « Je vais me poser et voir aussi si je peux être bénévole à la SPA, car j'adore les animaux. »
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