Depuis mars 2022, la pisciculture du lycée agricole de Château-Gontier (Mayenne), située à Gennes-sur-Glaize, accueille un test grandeur nature d'un élevage nouveau en Mayenne.
Les élèves et les enseignants élèvent des gambas d'eau douce en extérieur. Le but est d'observer si ces crustacés originaires d'Asie du Sud Est peuvent vivre et grandir sous nos latitudes.
Cette expérience n'est pas un doux rêve. Elle est menée avec l'aide du Syndicat mixte pour le développement de l'aquaculture et de la pêche en Pays de la Loire (SMIDAP), en partenariat avec l'Institut national de la recherche agronomique (INRAE) et l'École nationale vétérinaire, agroalimentaire et de l'alimentation de Nantes-Atlantique.
Une eau à 12 °C minimum
En septembre 2023, une première pêche avait permis de tirer les enseignements d'une première saison estivale de test. Il a notamment été noté que ces crevettes peuvent survivre dans un bassin en Mayenne. Des restaurateurs locaux avaient pu cuisiner ce produit et avaient fait part de leur intérêt.
"L'expérience a abouti à un rapport technique qui s'avère concluant en termes de performances d'élevage. Sur deux bassins de 400 m2, on a pêché environ 50 kg de crevettes. Avec un été 2023 moyen, on a eu des rendements suffisants. Dans le Gers, notre collègue fait du 650 kg à l'hectare. Sachant que le prix moyen de vente de ces crevettes n'est pas en dessous de 30 € le kilo, le calcul est simple", détaille Guillaume Gaudin, directeur de l'atelier technique piscicole.
En avril 2024, les élèves et leurs enseignants poursuivent cette expérience déjà suivie attentivement par le monde agricole. Et pour cause : même si cet élevage comporte quelques contraintes, il présente un intérêt économique et écologique évident.
"Il ne faut pas que l'eau descende en dessous de 12 °C, sinon la crevette meurt. Cette idée est venue d'un pisciculteur du Gers. Actuellement, deux expérimentations sont menées ici et près de Nantes", explique Damien Denizot, salarié de la pisciculture.
Avec le réchauffement climatique, cet élevage devient possible. En 2023, l'essai a prouvé que ces gambas pouvaient atteindre entre 20 et 30 grammes en quatre mois, durant l'été.
"On pourrait en produire dans notre région. Pour l'instant, on achète nos post-larves dans le Gers. Il est possible d'imaginer gérer la reproduction", imagine Damien Denizot.
Un produit local et rentable ?
Sachant que le prix déboursé par un particulier pour une crevette similaire élevée à Madagascar peut atteindre 40 € le kilo, la perspective d'un produit local, qui peut aussi s'acheter vivant, est particulièrement séduisante.
Poussant la réflexion, l'établissement étudie un moyen de rendre cette nouvelle production encore plus rentable.
"L'objectif cette année pourrait être l'association des crevettes avec des larves de poissons, qu'il s'agisse de poissons rouges, de carpe ou de carpe koï, pour optimiser le rendement économique de chaque bassin. Ces deux espèces pourraient être complémentaires. Ainsi, les poissons fertilisent le bassin, il y a du zooplancton", considère Guillaume Gaudin.
Dans l'attente d'autorisations
Avant d'élargir l'expérience et avant d'autoriser des pisciculteurs privés à se lancer dans cette production, plusieurs caps doivent encore être franchis.
Il reste plusieurs autorisations de l'administration que plusieurs professionnels attendent de voir aboutir avec impatience.
"En France, c'est l'un des produits que l'on importe le plus. Il y a déjà des pisciculteurs intéressés. Ils sont potentiellement prêts à développer ce marché !"
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