Il ne pensait pas se heurter à un tel mur administratif. Thomas Craipeau, l'ancien gérant du restaurant Le Beyel à Origné (Mayenne), a passé la main en mars 2024.
Dès l'annonce de son départ, il avait indiqué sa volonté d'ouvrir un autre restaurant, à Château-Gontier (Mayenne). Après des mois de préparation, il espérait commencer un chantier pour transformer une ancienne habitation, située au 28, quai Charles-de-Gaulle. Il voulait accueillir les clients dans un lieu cosy et familial, avec de la cuisine à base de produits locaux, faite maison.
« L'achat devait se faire en mars et on devait lancer les travaux dans la foulée pour une ouverture au début de l'année 2025. Le permis de construire a été accepté par la mairie en décembre 2023. Il a été envoyé à la préfecture », raconte Thomas Craipeau.
La peur de l'inondation
Après deux mois sans réponse de la préfecture, il a essuyé un refus.
« La préfecture a décidé d'annuler mon permis de construire. Je m'attendais à des modifications mais pas à ça », annonce, dépité, le jeune restaurateur.
Selon Thomas Craipeau, la préfecture répond que son local est situé en zone inondable.
« Ils estiment qu'il peut y avoir 1,37 m d'eau à cet endroit. Pour avoir le droit d'ouvrir, il faudrait que le plancher soit rehaussé d'autant. Dans mon projet, j'avais prévu de rehausser de 30 cm », confie Thomas Craipeau.
De surcroît, cette injonction se heurte à ce qui ressemble bien à une incohérence administrative.
« Je peux difficilement rehausser le plancher de plus d'un mètre car il faut que le local soit accessible aux personnes à mobilité réduite. En plus, étant donné qu'il est situé dans un quartier classé, je ne peux pas modifier la façade. C'est un sketch. Ce serait drôle s'il n'y avait pas autant de temps et d'argent investi pour rien. »
Passablement déçu, il estime avoir perdu un an « depuis la première visite en mars 2023 ». Il regrette que toutes ses démarches, entre le travail avec un architecte, avec un cuisiniste et les prêts contractés auprès de son banquier, soient réduites à néant.
Digne de Kafka
Face à cette situation digne d'un roman de Franz Kafka, Thomas Craipeau est découragé.
« Nous avons fait une réunion sur place avec la sous-préfète. Ma seule solution, c'est un recours juridique. Mais cela signifie d'attendre sans être certain du résultat. Émotionnellement, c'est compliqué », déplore-t-il.
Malgré le soutien de plusieurs politiques locaux, de bords différents, de députés, d'une sénatrice et même d'une candidate tête de liste aux Européennes, la situation semble insoluble.
Thomas Craipeau est d'autant plus agacé qu'une salle de spectacle et deux restaurants sont situés à quelques toises, dans la même rue.
Même s'il va organiser à partir du mois de juin des repas insolites, même s'il répond aux demandes de quelques clients comme traiteur, Thomas Craipeau indique : « Je pense que je n'aurai pas le courage de recommencer à monter un projet. »
Sollicitée, la sous-préfète de l'arrondissement de Château-Gontier n'a pas donné suite à nos demandes d'interview.
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