Discrètement, elle arrive à la table du café dans lequel elle se raconte, à Segré. Syntia Dersoir est une femme transgenre, originaire de la commune. À son retour d'une année d'études à La Rochelle : " Il [lui] fallait un boulot, c'est le seul qui a répondu. Ça se passait bien jusqu'à ce que... voilà."
"Voilà" : une plainte aux prud'hommes contre son employeur, le McDonald's de Segré, une autre à la gendarmerie pour "harcèlement et discrimination". La jeune femme dit avoir été victime de transphobie par son employeur et plusieurs managers. Le premier jugement, audiencé le 15 avril à Angers, a été mis en délibéré au 24 juin. Pour le deuxième, Syntia n'a pas encore de date.
Rappel à l'ordre
Syntia Dersoir a commencé à travailler au McDonald's en septembre 2022. Elle y a été embauchée sous son prénom de garçon avant d'avoir entrepris son changement d'identité. " J'ai annoncé ma transidentité le 9 janvier 2023, mais apparemment tout le monde était déjà au courant. Une collègue m'avait vue habillée en fille et maquillée en ville et en avait parlé."
Le jour de son coming out, Syntia est venue maquillée : " Le manager n'a rien dit, les clients non plus, ils s'en fichaient." Elle raconte que, deux semaines plus tard, un superviseur l'aurait convoquée pour un rappel à l'ordre sur son maquillage, comme elle l'a mentionné dans un courrier électronique à l'inspection du travail. Dans l'entreprise, les postes sont indiqués sur un tableau effaçable. " Le lendemain, j'ai décidé d'effacer mon prénom pour le remplacer par le nouveau, déclare Syntia. Ils ont rechangé le prénom. Ils ont interdit d'utiliser mon nouveau prénom. "
Elle avance que son manager serait ensuite venu la voir pour lui expliquer qu'il s'était fait réprimander par sa hiérarchie car, selon la direction, modifier un prénom est interdit. Pour McDonald's, la situation est inédite.
Une première
C'est la première fois que l'entreprise se retrouve aux prud'hommes pour ce type d'accusation.
Syntia revendique que " sur les documents du défenseur des droits, c'est bien mentionné que, même si ce n'est pas changé administrativement, ils ont droit de le modifier". Cependant, la décision du défenseur des droits ne fait que recommander cette position aux employeurs. En effet, l'entreprise n'a pas le droit de changer l'identité légale du salarié sur les documents officiels tels que le bulletin de salaire ou encore le registre unique du personnel. La même règle doit s'imposer à l'employeur afin de respecter le sexe identifié à l'état civil dans toutes ses obligations légales. Ainsi, l'employeur peut décider, dans un souci d'inclusion, d'accepter le changement de prénom de son salarié mais cela l'oblige à gérer l'identité à l'état civil et la nouvelle identité de son salarié en fonction des situations et des documents.
"C'est un homme"
La jeune femme dénonce aussi une succession de remarques, de convocations et des refus de travailler et avertissements. " Un manager m'avait sorti : "On a bien compris que tu veux devenir une fille mais tu n'es pas obligée de te maquiller autant."" Elle dit aussi avoir entendu : "Aujourd'hui, on l'appelle par un prénom de femme, mais ce n'est pas une femme, c'est un homme."
Le 13 février, Syntia aurait été convoquée dans le bureau d'une supérieure car son maquillage ne convenait pas. " Elle m'a dit qu'elle ne pouvait pas m'accepter sur le terrain, qu'il fallait que j'enlève un peu de rouge à lèvres." Syntia s'est alors rendue dans les toilettes pour en retirer. "Cela ne convenait toujours pas. Elle m'a dit que si je voulais, je pouvais aller au Super U acheter du démaquillant et revenir ou que sinon je rentrais chez moi. Je suis rentrée chez moi." Le lendemain, un autre de ses supérieurs lui aurait déclaré : " Tu nous imposes tes choix, tu penses qu'à ta gueule, tu nous mets dans la merde."
Son micro de téléphone allumé
À cette période, Syntia dit avoir commencé à garder le micro de son téléphone allumé. " Un manager a interdit à un collègue de m'appeler Syntia. Mon collègue a demandé pourquoi, on lui a expliqué qu'on était payés."
Aujourd'hui, la jeune femme espère la résiliation judiciaire de son contrat. Ayant travaillé moins d'un an, Syntia a reçu des indemnités journalières seulement pendant six mois. " J'ai dû arrêter l'épilation laser... j'ai plus d'argent. J'ai 150 € de dette de frais médicaux. Je ne peux même pas les appeler, je n'ai plus de numéro. Je suis en pause donc ça repart en arrière, ça me fait ch... je suis dépendante de ma mère."
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Courage Synthia, macdo ils faudrais qu ils évolue.
Je suis gay.
Il faufrais faire une crève devant macdo à segré pour soutenir sinthya. Empêcher 1 journée entière les clients de venir à macdo, sa leurs ferai pas de mal.
Ils faudrais tous se réunir tous les LGBT pour soutenir sinthya