Noémya Grohan, 35 ans, a créé il y a dix ans l'association Génér'action qu'elle préside pour lutter contre le harcèlement.
Un phénomène dont elle a été victime.
Noémya, auteur d'un livre, intervient depuis trois ans au collège Saint-Joseph.
Comment en êtes-vous arrivée à créer une association ?
Noémya Grohan : J'ai moi-même vécu un harcèlement au collège pendant quatre ans qui ont eu des répercussions à court et long termes sur ma vie.
Manque de confiance, échec scolaire, etc.
Ce fut un parcours du combattant pour retrouver ce qu'on m'a volé : ma confiance et l'estime de moi.
J'ai eu la chance de rencontrer heureusement les bonnes personnes pour me relever mais...
Comment s'est traduit votre harcèlement ?
J'habitais une petite ville dans le sud de la France. Il y avait quatre écoles mais qu'un collège.
Au moment de rentrer au collège, j'ai pris une option spécifique basket. Je me suis donc retrouvée sans aucun élève que je connaissais.
Des moqueries ont commencé sur un surnom qu'on me prêtait et sur quelques détails physiques légers à la suite d'un accident que j'avais eu quelques années avant.
Au début, c'était deux personnes, et ça a pris de l'ampleur, même des plus grands s'y mettaient sans que je les connaisse.
J'en ai parlé à personne, même pas à mes parents et donc ma mère institutrice, pourtant très sensible au sujet.
Comment le harcèlement dont vous avez été victime a pris fin ?
À mon entrée au lycée tout s'est arrêté d'un coup. J'avais des amis, j'étais bien, tranquille. Et paradoxalement c'est là que j'ai vécu mes années les plus dures, car avec le relâchement, j'ai fait une dépression et je suis entrée en échec scolaire.
Quels messages diffusez-vous aux jeunes ?
J'explique les caractéristiques du harcèlement et surtout j'insiste sur le rôle des témoins car, sans eux, pas de harcèlement. Ce sont eux qui jouent le plus grand rôle car s'ils ne relaient pas, s'ils interviennent, s'ils sortent du public et ne rigolent pas aux moqueries du harceleur qui se sent lui valorisé, il n'y a plus de harcèlement.
Les témoins doivent signaler, sortir du silence.
Des jeunes harcelés, mais aussi harceleurs, en pleurs, sont déjà venus me voir.
Aujourd'hui, je plains cette génération. Le harcèlement ne s'arrête pas : avec les réseaux sociaux, il rentre chez vous.
Et pour les parents ?
Ils doivent être vigilants et attentifs aux signes : brusque chute des résultats scolaires, troubles de l'alimentation, du sommeil, les changements de comportements vers l'agressivité, etc.
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