Pierre-Yves Houdayer est un jeune agriculteur, marié, père de quatre enfants, installé comme maraîcher depuis 2007 à Grez-en-Bouère. Sur sa ferme de 50 hectares, qui emploie trois salariés, dix sont consacrés au maraîchage.
"Cette situation dure depuis le mois d'octobre"
En cette fin du mois de mai, il fait 13 °C, le ciel est bas et il tombe une petite pluie fine. "Le problème, explique Pierre-Yves, ce n'est pas que le printemps soit humide, c'est que cette situation dure depuis le mois d'octobre et que tout devient compliqué, et fatigant psychologiquement."
Si au mois d'avril les quelques jours de beau temps lui ont permis de faire ses semis de printemps, les pluies incessantes du mois de mai ont fait pourrir 15 % de sa production. " J'ai planté six lignes de pommes de terre, deux jours après, on a pris 30 mm d'eau et sur les six rangs il ne m'en reste plus qu'un. C'est pour tout le reste pareil. J'ai semé mes carottes sous tunnel début mars et il y a eu tellement d'eau qu'il a été inondé, ce qui a fait pourrir une partie des semis ", dit avec lassitude celui qui n'avait jamais vu ça.
"Ça rend le travail compliqué et usant"
Alors ce qui ne peut pas être fait durant la semaine, il le fait le week-end quand c'est possible. " Il faut faire en huit jours ce que d'habitude on fait en un mois, ça rend le travail compliqué et usant."
Cette météo plus que capricieuse a eu des conséquences qui auraient pu être dramatiques. À la fin de l'année, en récoltant ses carottes à la machine, parce qu'il avait pris du retard et qu'il était moins concentré sur son travail, le jeune agriculteur a été victime d'un grave accident.
Sa main est passée dans la machine, ce qui lui a valu plusieurs jours d'hôpital et trois mois d'arrêt de travail.
Fils d'agriculteur, Pierre-Yves s'est installé à la fin de ses études et ne regrette pas son choix, mais constate que le métier est de plus en plus difficile.
"Qui accepterait de perdre un an de salaire et de continuer à travailler ?"
"Je n'ai pas eu le temps d'aller manifester au mois de mars, mais c'est vrai que ça devient très compliqué, entre les gens qui nous reprochent de polluer pour les nourrir, alors qu'ils ne se gênent pas pour aller en vacances en avion, les contraintes administratives et les aléas climatiques, on se dit que finalement on devrait peut-être devenir salariés de l'État pour nourrir la population. Qui accepterait de perdre un an de salaire et de continuer à travailler ? Pourtant quand ça arrive à un agriculteur cela n'inquiète personne."
Pratique Le jardin de la Boulonnière : vente à la ferme tous les jours sauf le mardi.
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.