" Je ne sais pas si raisonnable à mon âge, avoue-t-il. Mais j'ai toujours fonctionné à l'intuition. " Bruno Diguet se lance dans un nouveau défi : tenir une guinguette au bord de la rivière, à La Jaille-Yvon (Maine-et-Loire), près du Lion-d'Angers. " La municipalité avait ce projet en tête, sachant que le restaurant dans le centre bourg avait fermé à la fin de l'été 2023. " La commune s'est chargée des travaux d'assainissement et d'installation des sanitaires. Bruno, le Champignéen, a acheté deux conteneurs de marine, qu'il a fait aménager.
Le nom trouvé sur les chemins de Compostelle
Habillée de bois, elle se fond dans le décor. "Tout est démontable. J'ouvre à partir du week-end de Pâques et je fermerai après la saison. J'ai signé un bail de trois ans renouvelable. " Adepte de la marche - il a parcouru les chemins de Compostelle et de Stevenson - Bruno Diguet se retrouve dans ce bel écrin de verdure où transitent les touristes à vélo qui empruntent le halage sur le circuit de la Vélo Francette. " Les deux guinguettes les plus près sont à Ménil et à Grez-Neuville. Il y avait un vide à La Jaille-Yvon. " L'Embellie, c'est le nom de la guinguette, sera " un endroit de partage et musical ". Bruno l'a appelée ainsi pour " tourner la page " de ses années en restauration, lorsqu'on le surnommait " Boule pâte ", et parce qu'en sillonnant les chemins de Saint-Jacques, il s'est aperçu que les gîtes portaient souvent un nom au féminin, " ça rassure paraît-il ". Il avait envie lui aussi de tenir un gîte dans le sud de la France, " mais j'ai voulu garder ma maison dans Les Hauts-d'Anjou ".
Bruno, le baroudeur, s'est un peu cherché. Originaire de Châteauneuf-sur-Sarthe (Maine-et-Loire), fils de mécanicien et d'une mère au foyer, l'enfant introverti qu'il était a vite quitté les bancs de l'école pour l'apprentissage en boulangerie. " J'ai travaillé à Paris mais entre le pain et le fournil, j'avais besoin de contact. " Après son service militaire, " j'ai commencé comme plongeur d'un restaurant à Tours. Un cuisinier remarque mon goût pour les pizzas ; il m'a proposé une saison en Corse. J'ai été pizzaïolo. " De retour en Anjou, il entame une formation de second de cuisine et repart comme saisonnier au Grand Bornand et au lac d'Annecy. " J'ai travaillé dans des pubs et discothèques. " Ces 14 ans dans les Alpes, le sud de la France et sur la façade Atlantique l'amènent à se spécialiser dans la pizza.
D'un projet à l'autre
" Au décès de mon père, en 1995, je suis revenu et j'ai rencontré ma compagne à Angers. " À 32 ans, il est extra chez un traiteur angevin. " Je me suis à nouveau posé la question de ce que j'allais faire. " Il construit sa remorque à pizza. Dès 2000, Bruno, le commerçant ambulant, sillonne six communes des Hauts-d'Anjou. En 2007, il investit dans un bar restaurant à Champigné (Maine-et-Loire) transformé en pizzeria. En 2010, il acquiert le fonds de commerce d'un bar tabac liquidé dans le village. " C'était insalubre. " La mairie l'autorise à le transférer dans le local d'une ex-mercerie, en 2014. Bruno Diguet gère à la fois Le Café de la place et la pizzeria, jusqu'en 2022. " J'ai vendu en pensant arrêter le commerce. Et voilà, j'ouvre une guinguette. Accueillir les gens, j'ai ça en moi. "
Pratique L'Embellie, Tél. 02 41 05 72 66 ou 06 14 87 77 54.
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