Le 80e anniversaire de la Libération était célébré à Combrée (Maine-et-Loire) mardi 18 juin 2024 avec diverses animations.
Afin de conclure en beauté cette journée, une double conférence se tenait dans la salle du conseil.
La première partie présentée par Keith Bloomfield concernait « La préparation Outre-Manche du débarquement ». Plus tard, Matthieu Rivron, quant à lui, a présenté « La Seconde Guerre mondiale à Combrée et dans les environs », en s'appuyant sur les écrits et les cartes de son grand-père André Rivron (père) faites à la main, professeur au collège.
Le bombardement du Bois-Brûlé
Le repli des forces françaises et britanniques vers la Loire a eu lieu le 12 juin 1940, date à laquelle a eu lieu le bombardement du Bois-Brûlé. « L'aviation allemande sévit à cette époque dans notre ciel combréen. Elle cible en théorie les unités britanniques et françaises qui évacuent vers Saint-Nazaire », explique-t-il.
Il revient sur ces événements qui ont commencé à la nuit tombante, vers 21 h 15. « En temps de guerre, le black-out (réduction de l'éclairage) est en vigueur. Ce qui comprend la mise sous bâche de la Vierge dorée du collège de Combrée. On craint à juste titre que ses éclats puissent fournir un repère à l'aviation ennemie. »
C'est à ce moment-là qu'une Citroën B14 roule malgré les consignes de black-out, phares allumés, de Chazé-Henry vers Vergonnes. « Le garde-barrière de Vergonnes rappelle le black-out et le conducteur s'exécute, coupe ses feux mais, arrivé au chemin du Bois-Brûlé, il remet les feux un temps pour voir où il va. Un bombardier allemand surgit et ce sont trois bombes qui sont lâchées à 100 m de la voiture. » Un cratère de 12 m de large et de 6 m de profondeur, à 150 m de la ferme, est relaté.
Une vache a été tuée, les portes et les fenêtres de la ferme sont enfoncées et les bâtiments du village dont le collège sont ébranlés.
« La garde territoriale vient en reconnaissance, on s'interpelle et on craint le largage de parachutistes allemands. C'est la terreur qui règne par le résultat de cette attaque. Plusieurs fois dans la nuit, les dortoirs du collège sont évacués. Les plus jeunes dans les caves et les grands se cachent dans les buissons au fond du parc. »
La débâcle arrive à Combrée
Le vendredi 14 juin 1940, un convoi britannique passe à Combrée direction Saint-Nazaire (de 9 h à 10 h). « Six mille de ces soldats britanniques perdront la vie dans le bombardement du Lancastria (le 17 juin) qui quittait Saint-Nazaire. »
Le mercredi 19 juin 1940, le matin, une dernière unité française traverse Combrée. La garde territoriale met en place un barrage de fortune. Les premiers éléments motorisés allemands arrivent dans le village. « C'est ainsi que, pour Combrée, commence la longue et dure période de l'Occupation. »
L'attaque d'un train de marchandises
En lien avec la conférence de Casablanca de janvier 1943, ayant pour but de préparer la stratégie des Alliés et les décisions qui en ont résulté, le 4 mars 1943, une formation de chasseurs et bombardiers, qui partent de l'est de l'Angleterre, ciblent la gare du Mans. « Les pilotes des chasseurs d'escorte ont la liberté de se détacher du groupe de bombardiers et d'aller à la chasse de cibles secondaires. » C'est ainsi qu'ils ont identifié et pris pour cible un train de marchandises qui roule en direction de Châteaubriant, entre la gare de Combrée et Bel-Air. « Le conducteur et le chauffeur se mettent à l'abri dans un ponceau. La locomotive est complètement transpercée. La gendarmerie militaire allemande vient constater l'attaque. »
Les attaques sur les wagons-lits
« À la déclaration de la guerre, la compagnie des grands express européens met son matériel roulant à l'abri comme elle le peut en le distribuant sur le territoire. Une partie de son stock arrive sur une voie de garage au niveau du passage à niveau 34 à Bel-Air. Quarante-neuf wagons-lits sont stockés. »
Le 15 août 1943, il reste 20 wagons-lits. Une attaque de nuit a lieu ce jour au canon par des chasseurs britanniques. Les 16, 18 et 25 juin 1944, une autre a lieu par des chasseurs américains. « Au niveau de la maison située au passage à niveau, une balle entre par la fenêtre et sort par la porte. Pas de blessé à déplorer », précise-t-il.
Le 8 juillet 1944, une autre attaque est recensée au niveau d'une locomotive à l'embranchement des Ardoisières de Bel-Air, au passage à niveau 32. « Un avion américain fait trois passages au canon et la chaudière est transpercée. » Le 19 juillet 1944, huit bombes sont larguées tout le long de la voie ferrée Combrée-Vergonnes et sur des wagons-lits.
Libération de Combrée
Les 2 et 3 août 1944, on voit de nombreux convois motorisés allemands sur la route de Pouancé à Segré. Le 4 août au soir, des carrioles chargées d'Allemands viennent de Vergonnes. Le samedi 5 août 1944 à 7 h, la dernière charrette allemande arrive à hauteur de la Noé. À 8 h, les premiers éléments américains sont au carrefour.
Une dernière attaque a lieu le 7 août 1944, de jour. « Un Thunderbolt se détache, prend une cible en joue mais il s'agit d'une locomobile sur la route. Des fermiers déplacent leur matériel de battage d'un champ à l'autre et, pour faciliter la manœuvre, ils ont mis la cheminée presque à l'horizontale. On peut imaginer la maîtrise vue du ciel. Ils s'en sortent indemnes mais leurs cheveux et leur matériel sont transpercés. » Le lundi 14 août 1944, une division de la troisième armée de Patton s'installe à Combrée.
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