L'homme à la barre aurait pu être poursuivi pour viol devant une cour d'assises et non pour agression sexuelle devant un tribunal correctionnel. Jeudi 27 juin, la présidente du tribunal de Laval le lui rappelle d'emblée.
"Il est mal dégrossi et il faut protéger sa personne"
Le couple s'était séparé quatre mois plus tôt mais continuait à vivre sous le même toit et à partager la même chambre. Le soir du 8 septembre 2018, le jeune homme a eu selon ses dires "une pulsion" et il a forcé sa compagne à avoir un rapport sexuel. Il a aujourd'hui 35 ans. Il est accompagné de sa curatrice et n'arrive pas à s'exprimer. Parfois, il tremble et finit par pleurer quand son avocat vient l'interroger.
La victime proche du suicide
Sa compagne n'avait tout d'abord rien dit. C'est au travail que l'une de ses collègues remarque son mal-être et confie aux gendarmes sa crainte de suicide pour son amie. Les forces de l'ordre vont la retrouver dans sa voiture, prostrée. Ils trouvent aussi un couteau de cuisine sous le siège.
Le prévenu a reconnu les faits mais ne se souvient plus des coups qu'aurait portés sa compagne pour se défendre. Le tribunal évoque la fragilité du prévenu, placé dès ses 8 mois en famille d'accueil où il restera jusqu'à ses 18 ans. La présidente rappelle que le mis en cause a déjà été condamné pour une agression sexuelle sur son frère durant son enfance. L'expert qui l'a examiné n'a pas relevé de pathologie mentale mais évoque une relative dangerosité. Le parquet n'a aucun doute sur la gravité de l'agression et réclame une peine de cinq ans de prison avec un sursis simple.
La défense présente un homme neuf
Le bâtonnier Cesbron a entamé une plaidoirie pleine d'empathie et donne de son client une image plus optimiste pour l'avenir : "Il s'est réinséré, il a un CDI, il vit avec une compagne qui l'aime et a respecté son contrôle judiciaire." L'avocat se demande comment on peut se reconstruire après une telle jeunesse, avec de telles carences affectives : " Il est mal dégrossi et il faut protéger sa personne." Le tribunal le condamne à trois ans de prison avec sursis simple ainsi qu'un suivi sociojudiciaire de trois ans. Tout contact avec la victime et présentation à son domicile lui sont interdits. Son nom est inscrit sur le Fijais.
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