Tout part d'une caisse retrouvée dans le grenier. Celle-ci est remplie des affaires de guerre de François Galisson, originaire de Chazé-Henry, durant la Seconde Guerre mondiale. Des années après le décès de son papa, Mylène Galisson-Penhouët rouvre cette caisse puis édite un livre, Paysan prisonnier Stalag IX A les mémoires de François Galisson, en avril 2023.
Mais sur l'un des documents, un livre, une adresse inscrite au crayon de bois l'interroge.
" Quelques mois plus tard, je me suis souvenue de ce livre que j'avais vu, Synopse des quatre évangiles, avec dessus écrit à mon ami François et une adresse ", rembobine Mylène.
S'interrogeant sur la personne domiciliée à cette adresse, l'habitante de Chazé-Henry a finalement décidé, en septembre 2024, d'y envoyer un courrier. " C'était une bouteille à la mer car, tant d'années après, je ne savais pas s'il y avait encore quelqu'un. Trois jours après, une femme m'a appelée. Elle m'a expliqué qu'elle est la veuve de ce monsieur. Qu'elle a vingt ans de moins car les guerres ont séparé les familles... Elle a reconnu l'écriture de son mari", explique Mylène Penhouët.
"Il y avait une quinzaine de page sur sa captivité"
La femme dit alors à l'autrice des mémoires de son père qu'elle va la mettre en contact avec son fils. Après plusieurs semaines sans nouvelles, la Chazéenne décide d'envoyer un livre à la fameuse adresse. Une façon de boucler la boucle. " J'ai choisi cette période pour offrir ce livre car Lionel était très croyant. Sa femme me l'a confirmé. Puis il avait offert un livre, alors j'en ai envoyé un en retour. "
Finalement, les deux protagonistes sont entrés en contact. Thierry, le fils de Lionel, le camarade de François Galisson, a fait parvenir les mémoires de son père à Mylène. " Il y avait une quinzaine de pages sur sa captivité", précise la Chazéenne.
Lionel était commerçant et a été réformé à trois reprises. "Il pesait 50 kg pour 1,77 m. Dans leur commando, les soldats travaillaient dans les champs. On leur demandait de porter des sacs de 100 kg alors il était écrasé dessous. Il a alors été placé dans une ferme", résume la Chazéenne. Les deux hommes ont été séparés.
Jusqu'alors prisonniers ensemble dans le village d'Helmscheid, "ils avaient prévu de se revoir sous de meilleurs auspices puisqu'il y avait une adresse", déduit Mylène Penhouët. "Quatre-vingt-deux ans plus tard, c'est chose faite, par la génération suivante."
Lors d'un rendez-vous avec les membres de l'association des descendants des anciens prisonniers de guerre ADAPG Stalag IX, Lionel et Mylène ont pu se rencontrer, le 29 juin.
Un voyage en Allemagne prévu
Mylène Penhouët, dans le cadre de ses recherches, s'est rendue dans le village dans lequel les deux hommes ont été prisonniers. Elle y a retrouvé une dame âgée, se souvenant de son père, de son camarade, et l'un des fils du couple, Friedrich, qui a fait office de traducteur. "C'est un acte de réparation partagé avec nos amis allemands", analyse Mylène Penhouët, après avoir reçu des excuses. " Mon père a eu un très bon contact avec son chef en Allemagne mais ils ne pouvaient pas se voir ni se le dire... il était très humain, il n'y avait pas que des méchants. " Avec Thierry, ils ont prévu de retourner sur les traces de leurs pères, ensemble.
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