Équipé d'un micro et d'une oreillette, Sébastien Heudré, technicien campanaire de l'entreprise Bodet Campanaire, à Trémentines (Maine-et-Loire), écoute attentivement les messages, consignes de son collègue perché, là-haut, dans le beffroi de l'église Saint-Nicolas à Craon (Mayenne), la tour qui renferme les cloches majestueuses.
Vigilance
Les deux techniciens experts sont arrivés mercredi 24 août 2024 en matinée, en vue d'une opération délicate qu'ils maîtrisent à la perfection étant donné qu'ils la répètent partout en France : la descente de l'une des trois cloches de l'église Saint-Nicolas à Craon, édifice cultuel construit entre 1853 et 1861. « On a commencé par mettre en place les moyens de levage l'après-midi. Puis on a effectué une partie du cheminement dans la partie arrière du beffroi. »
Le jeudi suivant, à 10 h, la cloche en question, pesant 1,2 tonne, a été déposée au sol à l'aide d'un palan de 300 kg à lui seul. « On s'y est repris à trois fois », avoue le technicien.
Nommée Marie Rosalie Marguerite, bénie par Mgr Wicart, premier évêque de Laval, elle a été fondue à l'époque par Bollé, société basée au Mans. Elle présente, aujourd'hui, un défaut structurel au niveau du noyau fissuré. « C'est dû à la béliaire en acier de l'écrin, qui est corrodée », explique Sébastien Heudré.
Ce désordre est apparu lors de la maintenance quelques mois auparavant, laquelle a lieu une fois par an. « C'est un entretien classique. Il était urgent d'arrêter cette cloche en bronze, ça devenait critique. C'est la première fois qu'elle subira une intervention. »
La Marie Rosalie Marguerite va être restaurée dans les ateliers de Bodet Campanaire. « Elle va être apprêtée, mise dans un four à 600-800 °C. Ensuite, on pourra souder et réparer les parties endommagées. Cela demande plusieurs étapes, déclare Sébastien Heudré. Elle aura un aspect un peu cramoisi. Elle sera brossée, polie avant de repartir chez le client. »
Patrimoine
La cloche part en chantier pour trois mois et elle sera exposée avant d'être remontée en fin d'année. « C'est un entretien classique. » La ville de Craon a déboursé 13 000 €.
Après la restauration de l'orgue de Saint-Nicolas en 2021 et en 2022, via une convention de mécénat populaire signée par la ville et la Fondation du patrimoine, cette cloche s'inscrit, elle aussi, dans la démarche de préservation du patrimoine. « Un jour, il faudra penser à la toiture », a lâché Quentin Lanvierge, adjoint au maire à la culture et à la communication.
Les deux autres cloches de l'église Saint-Nicolas, intactes, sont restées. La plus massive avoisine les 2,5 tonnes. Ensemble elles continueront de sonner pour les offices des chrétiens avant le retour de leur sœur.
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