Sur le site de Longchamps à Renazé, près de Craon en Mayenne, les bâtiments, les cabanes, rails, chevalement, salle des machines, outils et gros engins sont les vestiges de l'activité ardoisière. « Dans la cage du chevalement, jusqu'à 28 mineurs titulaires d'un numéro descendaient dans le puits d'où étaient extraits des blocs de schiste de deux à trois tonnes. » L'équipement était rudimentaire au début : bottes avec semelles clouées, casque en cuir, lampe. Les outils exposés en vitrine : barre à mine, cobras, burin, maillet, carotte, aiguille infernale, ciseau, scie, laissent entrevoir le travail. L'arrivée des premières machines à extraction en 1920 rendra le travail moins pénible. La guide propose une démonstration de fendage et de « rondissage ».
Du XVe jusqu'aux années 1970
Les premières carrières sont apparues au XVe siècle. « Elles étaient à ciel ouvert à 5 m de profondeur. » La Révolution ardoisière en 1830 s'accompagne de l'exploitation minière. Les hommes descendaient jusqu'à 500 m de profondeur, avec des chevaux les yeux bandés pour remonter les blocs de schiste. Dans les années 1950, les nouvelles machines d'extraction supplanteront les chevaux. Une quinzaine de buttes ardoisières ont compté jusqu'à 1 200 ouvriers, il n'en restait plus que 90 à la fin des années 1970. « La butte Lonchamps, qui commença à être exploitée à partir de 1941, ferma en 1975. La concurrence de l'ardoise espagnole mit un coup d'arrêt à l'exploitation. Aujourd'hui, tout est noyé aujourd'hui. »
Des conditions rudes
Les conditions de travail des ouvriers étaient dures, les journées longues pour gagner 3 francs. En 1919 fut imposée la journée de 8 heures. « On était mineur ou fendeur de père en fils. Les enfants allaient à la mine dès 12 ans. » L'espérance de vie était de 47 ans. La route départementale qui traverse Renazé est jalonnée d'anciennes maisons ouvrières, jusqu'en 1980. Outre les problèmes de santé liés à la silicose, les accidents étaient nombreux : entre 1850 et 1902, il a été relevé 446 accidents mortels. Pendant la Première Guerre mondiale, les femmes ont travaillé comme fendeuses.
Elyse Béasse, la guide, propose des démonstrations aux visiteurs. - Philippe Simon
Comme palliatif, une majorité des ouvriers buvait beaucoup d'alcool de goutte « la postillonne ». On a dénombré jusqu'à 75 cafés à Renazé.
Les premières caisses « accidents du travail » ont été instaurées vers 1820. À partir de 1900, les grèves surviennent. L'action syndicale émerge à l'initiative de Pierrre Gemin qui crée la Coop (coopérative).
Musée de France en 2005
Le site de l'exploitation ardoisière a été restauré à l'initiative de l'association des Perreyeurs mayennais et grâce à la participation active et bénévole d'une trentaine de ses adhérents, pour la plupart anciens ouvriers ardoisiers. Musée municipal, créé en 1984, il a été transféré sur le site de Lonchamp où il fut inauguré le 6 avril 1991. Le 1er mai 2005 étaient commémorés les 20 ans du musée de l'ardoise labellisé Musée de France.
Pratique Ouvert du mercredi au dimanche. Tél. : 02.43.06.40.14
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