De septembre 1939 jusqu'en décembre 1940 et en juin 1944, des réfugiés arrivant de Belgique, du nord de la France, de Paris, de Normandie, poussés par l'avancée de l'ennemi, arrivent à Marans. Ils espèrent franchir la frontière vers la zone libre avant la chute des ponts. Les granges et les fossés sont leurs abris.
Hébergés dans la commune
À leur passage dans le bourg de Marans, la population locale leur distribue de l'eau fraîche et se préoccupe aussi de leur hébergement. Certains réfugiés vont rester quelques semaines à Marans, d'autres des mois, logés dans plusieurs fermes, dans la grande maison du Verger ou au château de la Ravardière, propriété de la famille Ouvrard, qui plus tard sera occupé par les Allemands.
Un prêtre belge est logé à la cure, un homme amputé des deux bras est logé à la mairie ainsi que quelques femmes enceintes. Quatre bébés de réfugiés originaires de Cambrai, de Nogent-sur-Marne et de Paris vont naître à Marans, en septembre et octobre 1939 et août 1944.
Les témoignages laissés il y a une dizaine d'années par les anciens du village étaient précis. Ils se souvenaient avoir vu les réfugiés se déplacer en colonne sur la route, chargés de sacs, de valises ou tirant une petite charrette ou une vache pour l'assurance du lait quotidien.
Léone, réfugiée au château de la Ravardière
Léone Rosalie, venant d'Anctoville, dans le Calvados, accompagnée de ses deux enfants, Gilberte, 7 ans, et Raymond, 8 ans, a emmené sa vache. Elle a été logée avec ses enfants au château de la Ravardière. Dans la journée, avec ses enfants elle participe aux travaux de la ferme du château exploitée par Joseph et Isabelle Besnier, qui leur assurent les repas et des conditions de vie familiales. Léone et ses enfants resteront un an.
" À son retour ce sera la désolation. Sa maison est entièrement détruite. Son mari est toujours déporté ", témoigne aujourd'hui sa petite-fille, Danièle, âgée de 70 ans, en vacances dans la famille Besnier. Elle ajoute : " Le temps passant, ma grand-mère, née en 1908, voulait revoir la famille et le village qui les avaient si bien reçus. En 1981, je l'ai emmenée jusqu'à Marans avec mon oncle Raymond. Nous avons rencontré Isabelle, qui nous a conduits sur les lieux connus par ma grand-mère. "
"Nous nous retrouvons chaque année en Anjou ou en Normandie"
La ferme était devenue l'exploitation du fils d'Isabelle, Joseph, et sa femme, Jacqueline. Avec ces derniers, une amitié très forte s'est installée. "Depuis cette date, bien que nos anciens soient décédés, nous nous retrouvons chaque année en Anjou ou en Normandie. Nous partageons nos peines et nos joies. Nous nous apprécions de la même famille", témoigne Danièle.
Et Jacqueline d'ajouter : "Danièle et son mari seront de retour à Marans dans quelques semaines pour fêter nos noces de diamant."
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