Étonnant parcours que celui de Maëlle Guillet, 28 ans, une habitante de Craon. En formation stage créatif via le CIAP (coopérative d'installation en agriculture paysanne) pendant un an et demi, la jeune femme s'apprête à reprendre l'exploitation de son père. Après une enfance heureuse à la ferme de ses parents, à La Parnière, elle obtient le bac scientifique et décide de partir en voyage. Elle devient adepte du woofing en Nouvelle-Zélande, pour vivre et apprendre dans des fermes bios et paysannes, en 2013. « Je travaillais contre le gîte et le couvert. »
Rattrapée par ses racines
« J'avais besoin de prendre le temps de réfléchir à mon orientation professionnelle, reconnaît Maëlle. J'avais envie de découvrir une autre culture, pratiquer et parler couramment l'anglais. » En 2015, elle revient en France et s'inscrit en faculté de tourisme à Angers (Maine-et-Loire). Elle dépose un dossier Erasmus et part à Séville en Espagne, en 2016. Puis elle décroche une licence professionnelle de tourisme et économie solidaire à Avignon. Maëlle effectue son stage de fin d'études à Madagascar dans une agence de voyages durant trois ans, « à vocation tourisme solidaire ». En 2020, elle retourne à Avignon. La voici chargée de mission en tourisme durable pour le Grand Avignon.
« J'étais fonctionnaire et j'ai démissionné, en avril 2023, pour m'installer dans l'agriculture. Actuellement, je suis en conversion en agriculture paysanne. J'ai été rattrapée par mes racines. » Maëlle a passé son BPREA (brevet professionnel de responsabilité d'exploitation agricole) à Laval (Mayenne), en septembre 2023.
En reconversion, elle est en stage créatif agriculture paysanne jusqu'en août 2025, elle peaufine son projet. Elle est partie à vélo, pendant cinq mois, dans le nord-ouest de la France pour visiter des fermes alternatives et collectives, dans la transformation de produits et en vente directe (pains, fromages, légumes), tout en faisant à nouveau du woofing. « Je voulais savoir si ce sont les vaches ou autre chose qui me plaît. » Conclusion : « Ce sont vraiment les vaches. »
Maëlle Guillet va poursuivre l'activité vaches laitières de son père, Vincent, 61 ans, en agriculture bio depuis 2019. « J'ai le projet de passer tout à l'herbe, lâche la future agricultrice. J'envisage d'arrêter la culture de maïs. » Dans sa tête, l'idéal serait de monter un projet à plusieurs avec un atelier de transformation et la fabrication de pain. Elle a quelques pistes pour emmener d'autres personnes dans l'aventure. Notamment, elle garde le salarié à mi-temps. Forte d'une expérience dans le tourisme et l'événementiel, Maëlle veut apporter sa patte à la ferme La Parnière.
« Je suis super content »
Maëlle compte proposer justement des temps de rencontre, « des moments fédérateurs », et à terme, peut-être développer une forme touristique.
Vincent Guillet, le papa, est lui le plus heureux des hommes. En 2021, il s'interrogeait sur la transmission de sa ferme, où il est locataire. Aucun de ses trois enfants ne semblait avoir l'envie de reprendre l'activité après lui.
« Je ne voulais pas leur mettre la pression. Je suis super content que Maëlle (l'aînée) soit intéressée, avoue-t-il. Elle m'en a parlé en 2022. C'est plus qu'un soulagement. Transmettre, ce n'est pas que des biens, c'est également pérenniser un savoir-faire, une façon de vivre. »
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