" Aidez-nous à sauver les terres agricoles du béton. " Ce slogan est affiché sur une grande pancarte, dans un champ face au lieu-dit de La Grugerie, à Pouancé.
Il répond à l'enquête publique d'Anjou bleu communauté. Celle-ci vise à émettre un avis sur la modification du Plan local d'urbanisme intercommunal (PLUi). L'objectif est l'ouverture à l'urbanisation partielle de la zone 2AU, dite du Bois Cochin, en vue d'y réaliser un projet de développement économique d'intérêt communautaire. Cette modification avait été votée en conseil communautaire, au mois de décembre 2022.
Françoise Coué, chargée de l'urbanisme, évoquait un " projet économique structurant" dans le but de "lutter contre le phénomène d'éloignement entre zone d'emploi et zone d'habitat" et le déclin du nombre d'emplois dans la commune.
Plateforme logistique de 30 000 m2
Ladite enquête publique a commencé mercredi 11 septembre, à 9 h, et se terminera vendredi 11 octobre, à 17 h. Un collectif composé de riverains s'est formé, afin de tenter de faire barrage à ce projet et d'alerter les habitants. La parcelle concernée se trouve sur un terrain agricole de 15 hectares.
Neuf hectares avaient déjà été rachetés par l'ancienne communauté de communes de Pouancé, en 2006. Le reste est exploité par l'agriculteur voisin. "Il avait un bail afin d'exploiter les terres et a été dissuadé d'acheter. L'agent lui a dit que la collectivité allait préempter", explique Mathilde Lefèbvre, membre du collectif.
La Brigade du Bois Cochin a peur de voir sortir de terre une plateforme logistique de 30 000 m2, avec 750 m2 de bureaux et 700 m2 de locaux techniques avec un parking de 80 à 100 places. Un tel projet serait possible, grâce à la modification de droit commun numéro 2 du PLUi.
" Ce projet est un désastre écologique"
" Tous les voisins, nous n'avons pas la même sensibilité politique mais nous sommes d'accord pour dire que ce projet est un désastre écologique. ABC met en avant l'écologie mais les discours ne coïncident pas avec les actes ", déclare Raoul Adam, riverain de La Grugerie.
L'habitation se situant dans ce village se trouve à 140 mètres des terres concernées par la modification du PLUi. "Le projet n'est pas très concret, il manque de transparence", abonde Mathilde Lefebvre. "Il y a déjà des panneaux indiquant la zone industrielle alors que l'enquête publique n'est pas terminée", ajoute Guillaume Roux, riverain.
La création de 100 emplois avancée
" La population vieillit, il y a peu de commerces à Pouancé. Les élus font un constat d'échec mais à qui la faute ? Ce sont les mêmes aux manettes depuis vingt ans." Le projet annoncé prévoit la création de 100 emplois, la Brigade estime que ce chiffre est vu à la hausse et ne le voit pas très profitable pour l'économie locale.
" Ils ne feront que venir et partir, ils ne consommeront pas à Pouancé. Et où vont-ils se loger ? Il y a des terrains constructibles mais encore faut-il avoir les moyens... Puis il n'y a déjà pas de main-d'œuvre... Soixante-neuf offres d'emploi étaient non pourvues, à Ombrée-d'Anjou, sur le site de France Travail, le 12 septembre", explique Raoul Adam.
" On peut créer des emplois plus durables en lien avec le marché de la région"
Le collectif s'appuie sur un rapport de janvier 2023, réalisé par des députés de la majorité et Les Verts, qui expliquait que ce type de structure crée des emplois précaires et pénibles. " On peut créer des emplois plus durables en lien avec le marché de la région, comme l'élevage par exemple", suggère Mathilde Lefebvre. Des projets auxquels la région n'aurait pas donné suite.
Le collectif explique ne pas avoir eu accès aux résultats de l'enquête environnementale et s'inquiète au sujet du devenir de la zone humide se trouvant sur la parcelle. " Nous sommes déjà inondés tous les hivers, qu'est-ce que ça va donner ?" interroge la Pouancéenne.
Le collectif appuie aussi sur la pollution sonore et environnementale d'un tel dispositif. Cent à 150 camions vont passer chaque jour. " Les élus nous ont dit que ça ne serait pas la nuit mais ce genre de structure fonctionne 24 heures sur 24. Qui va s'installer pour exploiter uniquement la journée ?"
Jeudi 19 septembre, il était convenu d'un entretien entre les membres du collectif et Gilles Grimaud, président de la communauté de communes.
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