Le syndicat du bassin-versant de l'Oudon (SBO) - à cheval sur la Mayenne et le Maine-et-Loire - coordonne, pour la première fois, le concours général agricole et agroforesterie bocage, en partenariat avec l'association française des arbres champêtres et agroforesterie (Afac).
« Nous accompagnons le syndicat, qui ne l'avait jamais fait auparavant », déclare Sandrine Emeriau, salariée de l'Afac des Pays de la Loire. Jeudi 19 septembre 2024, dans l'après-midi, le jury est passé chez Jean-François Gaumé, agriculteur à La Gatinière à Saint-Quentin-les-Anges près de Craon (Mayenne).
Jean-François, agriculteur convaincu
L'agriculteur avait 45 minutes pour convaincre le jury en lui présentant son projet autour de la haie, sur une parcelle de son choix. Celui qui a été retenu participera au concours national au Salon de l'agriculture à Paris en 2025.
Delphine Provot, technicienne du syndicat, a précisé : « Il y a deux catégories dans ce concours, la gestion et l'implantation de la haie. Pour la première, la haie doit avoir plus de 10 ans, pour la seconde, 4 ans. L'idée, c'est de voir comment l'agriculteur intègre l'arbre ou la haie dans sons système d'exploitation, afin qu'elle soit perçue comme une alliée et non une contrainte. »
Jean-François Gaumé, 41 ans, a repris la ferme de ses parents il y a dix ans. Il emploie un salarié. « Je suis la troisième génération d'agriculteur bio » à La Gatinière.
Sur 100 hectares de terres labellisées Bio Cohérence, l'agriculteur de Saint-Quentin-les-Anges est spécialisé en polyculture élevage (race limousine) ; il cultive les grandes cultures (blé, etc.) et des légumes secs et de plein champ.
« Des haies il y en a toujours eu à La Gatinière, avoue l'agriculteur. Aujourd'hui, elles s'étendent sur 16 km. J'en ai planté en 2016, et à nouveau en 2020. Et j'ai complété avec des jachères fleuries, en 2018. » Jean-François Gaumé envisage « d'en augmenter encore le nombre, des haies, mais aussi des jachères fleuries, à partir de 40 essences de plantes et fleurs différentes ». Il les laisse reposer un à deux ans avant de les faucher.
Jean-François est convaincu des bienfaits, et ce d'autant plus qu'il le constate tous les jours : « Grâce aux haies et jachères fleuries, je ne suis pas confronté aux ravageurs sur les semis. La terre se porte mieux, ça travaille tout seul sans insecticides. »
En outre, la haie sert de brise-vent et procure de l'ombre aux animaux. « Les rendements céréaliers sont aussi meilleurs. La haie aide la biodiversité, qui me le rend bien. »
Un pari gagnant-gagnant
Pierrick Gilles, vice-président au sein de la commission locale de l'eau, élu du syndicat du bassin-versant de l'Oudon, en charge du bocage, applaudit la démarche de l'agriculteur qui plante des haies qui contribuent « à éviter les grandes inondations, l'érosion des sols. La haie a d'autres vertus, ajoute-t-il. Elle réduit le CO2 et apporte du bois de chauffage pour nos enfants demain ». Le syndicat du bassin-versant de l'Oudon accompagne tout agriculteur qui souhaite planter des haies chez lui. Il suffit de déposer un dossier de candidature. « À l'agriculteur, il lui restera soit 50 % à sa charge soit seulement la TVA », conclut Delphine Provot.
La soirée de l'agriculture à Renazé (Mayenne) vendredi 18 octobre 2024 à 20 h 30 à la salle l'Escale sera l'occasion de remettre le prix agroforesterie au lauréat, et de voir le film de la série "Tous Terriens" de Pierre Girard, journaliste d'Arte, venu à l'été découvrir le travail des agriculteurs du Pays de Craon en matière de protection des haies. Entrée gratuite.
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