On pourrait l'écouter des heures. Ekaterina Debiak est une violoniste au talent exceptionnel qui a joué dans l'un des orchestres les plus prestigieux du monde. Née à Grodno, en Biélorussie, à quelques kilomètres des frontières polonaises et lituaniennes, elle commence le violon à 5 ans et demi.
Ses premières notes laissent déjà penser qu'elle est une musicienne pétrie de talent. "J'ai fait mon premier concert de violon à 7 ans, à la télé ! J'avais joué de la musique baroque française", se souvient-elle. Ce jour-là, elle participe à une émission qui présente les jeunes musiciens prometteurs.
Rapidement, elle fait ses preuves et intègre des écoles de musique réputées. Et il n'y a pas que dans la musique qu'elle se distingue : scolairement aussi.
Plus jeune super soliste de l'orchestre du Théâtre Bolchoï
Lorsqu'elle a 18 ans, elle prend son envol et rejoint la capitale du pays, Minsk, pour entrer à l'académie nationale de Biélorussie. En parallèle, elle se lance à la quête du célèbre théâtre Bolchoï, à Minsk. "J'ai toujours adoré l'opéra et le ballet donc j'ai décidé de m'inscrire au concours d'entrée." À 21 ans, elle intègre cette grande institution. "Au début, j'étais second violon, tout au fond de la salle", sourit-elle.
Sa persévérance et son talent lui permettent, au fil des mois, de grimper dans la hiérarchie de l'orchestre. Et elle devient, à 24 ans, la plus jeune super soliste de l'ensemble de l'histoire. "Je passais ma vie au théâtre, on pouvait tout y faire. C'était un peu comme une ville dans la ville."
Elle n'a pas peur de le dire : "Ce fut l'une des plus belles périodes de ma vie." Grâce aux nombreuses et régulières tournées internationales, elle voyage partout en Europe, mais aussi au Brésil ou encore en Thaïlande. Pour autant, à ce moment-là, "loin de moi l'idée de partir vivre à l'étranger".
"L'envie de transmettre ma passion, de la partager"
Ce n'est qu'en 2001, lorsqu'elle a 28 ans, qu'Ekaterina Debiak pose ses valises en France. "La première fois que j'y ai été, j'avais 15 ans et c'était à Limoges, car cette ville était jumelée avec Grodno", explique-t-elle. Était-ce un signe avant-coureur ?
Cette fois, en 2001, elle pense y rester un an, pendant son congé sans solde au Bolchoï, pour se reposer et prendre du recul. Finalement elle s'y implante, après trois ans passés chez les parents d'une amie au Vésinet, dans la banlieue parisienne. Elle en profite pour apprendre le français à La Sorbonne et s'acclimate parfaitement à la France.
En 2004, après avoir rencontré celui qui deviendra son mari, elle quitte officiellement le Théâtre Bolchoï, puis le couple s'installe à Toulouse. Avant de rejoindre la ville d'Angers. Entre-temps, Ekaterina Debiak donne naissance à deux garçons qui, aujourd'hui, sont gardiens de hockey sur glace à très bon niveau.
Dans le Maine-et-Loire, l'idée de devenir professeure de violon commence à mûrir. "J'avais cette envie de transmettre ma passion, de la partager et d'apporter des connaissances aux enfants et aux adultes", raconte-t-elle.
Le parfait mariage entre bienveillance et exigence
Elle se lance donc dans l'enseignement. En 2017, elle obtient le diplôme d'État de professeur de musique. Elle travaille ensuite six ans au conservatoire de Laval, jusqu'en 2023, puis débarque au Lion-d'Angers, dans l'école de musique de l'Anjou bleu, en septembre 2024. Ici, elle donne quinze heures de cours, et complète son activité au conservatoire de Cholet.
En parallèle, Ekaterina Debiak n'a pas délaissé son instrument de cœur. Elle joue pour l'Ensemble instrumental de Mayenne depuis 2018.
Son parcours se doit d'être inspirant pour les jeunes qu'elle accompagne. Avec de la patience et du travail, "on peut tout faire, assure-t-elle. J'ai horreur d'entendre que le violon est un instrument difficile à jouer. Ce n'est pas plus dur que le piano."
Gérard Ramirez, directeur de l'école de musique depuis dix ans, loue ses qualités : "Elle fait à la fois preuve de bienveillance et d'exigence, souligne-t-il. Ce sont deux qualités qui peuvent paraître paradoxales mais qu'elle marie très bien. Ekaterina est quelqu'un qui adore enseigner et qui est une artiste confirmée. C'est ce qui a plu au jury lorsqu'elle a postulé ici."
Les premiers mois de la quinquagénaire au Lion-d'Angers se passent bien. Elle s'épanouit et s'enrichit des rencontres avec les élèves. "Je suis contente d'être là, c'est une école très dynamique, reconnue et réputée depuis longtemps dans le secteur."
Une fabuleuse histoire d'amour qui continue de s'écrire entre Ekaterina Debiak et son violon.
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.