Après avoir travaillé dans la distribution en jardinerie et au ministère de l'Agriculture en tant que chef d'établissement agricole au Mans et à Angers, Pascal Leclerc avait envie de se lancer dans l'entrepreneuriat. « En 2021, j'ai repris les 15 hectares de terre loués à un fermier, le bail échu, et j'ai choisi de développer des produits à haute valeur ajoutée », explique-t-il. En 2022, un gîte de douze à quinze places dans le moulin, qui date de 1854, a été ouvert.
Un légume qui a des vertus
Au sein de l'EARL Terres de Margué, à Laigné commune de Prée-d'Anjou près de Château-Gontier (Mayenne), Pascal Leclerc élève des moutons à viande Bleu du Maine. « J'ai 60 mères. » À maturité, les moutons, qui ont tous une carte génétique, partent à l'abattoir de Craon, puis la viande est commercialisée à la boucherie de son fils à L'Huisserie. « En termes de bilan carbone, c'est positif. » Sans être en agriculture biologique, « j'ai des pratiques sans phytosanitaires ni engrais chimiques, précise l'agriculteur. Le fumier des moutons est valorisé. Je m'en sers pour la production nouvelle, innovante, que j'ai lancée en 2023, sur un hectare, 24 000 plants de patate douce. »
Ayant vécu au Bénin entre 1987 et 1989, quand il faisait du maraîchage dans le cadre d'une ONG, et lorsque sa femme enseignait, Pascal Leclerc a été séduit par la patate douce, « un légume ou féculent assez confidentiel, à l'époque, en France. Mais depuis une dizaine d'années, il est rentré dans le panier de la ménagère ». Après l'avoir expérimenté, il s'est mis à le cultiver avec ses contraintes : « On a des coûts de mise en culture (paillage, plants, goutte à goutte) entre 16 000 € et 20 000 €. Côté météo, il faut des températures qui ne soient pas inférieures à 15 °C pour la pousse du tubercule. Donc on plante à partir de la troisième semaine de mai à l'aide d'une planteuse spécifique qui perce la bâche biodégradable. » Pendant la croissance, le jeune plant est irrigué au goutte-à-goutte. « Il pousse jusqu'au 15 août. La liane de la patate douce commence à tubériser (à former le tubercule). On effectue un désherbage à la main au pied de la plante et à la bineuse. » Les campagnols, musaraignes et mulots en raffolent. Le cultivateur a inventé des perchoirs à rapaces avec des round-ballers. Et pour éviter les dégâts des renards et sangliers, « j'installe une clôture électrique amovible ».
Une culture complexe
À la récolte, mi-octobre, « on coupe les lianes et on les ramasse avec une souleveuse. Cette année, à cause des sols gras, on a arraché à la fourche bêche la totalité ». Les patates douces sont lavées, mises en palox et ensuite en chambre chaude à 26 °C, pendant une semaine, pour transformer l'amidon en sucre, « et avoir une bonne qualité gustative, faciliter la cicatrisation, et les conserver jusqu'en mars ». La patate douce, ce n'est pas ce qu'on croit.
laigné photo 15 novembre 2024 terroir agriculture patate douce Pascal Leclerc s'est lancée dans la culture saisonnière la patate douce en 2023. - Philippe Simon
En 2024, Pascal Leclerc a récolté une dizaine de tonnes de patates douces contre 24 tonnes en 2023. « J'ai bien progressé en technicité mais le facteur météorologique est imprévisible. Cette année, c'est le bouillon. »
La patate douce est commercialisée « en vente directe à la ferme, sur le marché, chez les traiteurs, dans la restauration collective, et en grandes surfaces ».
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