Mère Marie-Magdeleine a été élue jeudi 21 novembre 2024, le jour où il a neigé, le matin. "Tout était blanc", se souvient-elle. La cérémonie était très solennelle, présidée par monseigneur Matthieu Dupont évêque de Laval (Mayenne). "Toutes les sœurs engagées à vie, qui ont fait profession solennelle, ont voté." Il fallait la moitié des voix plus une. Et pour un deuxième mandat c'eût été aux deux tiers. "Mgr Matthieu Dupont a proclamé le résultat, je ne sais pas combien j'ai eu de voix."
La nouvelle Prieure, mère Marie-Magdeleine, s'était "préparée à cette éventualité". La précédente Mère Prieure du monastère des Bénédictines à Craon, rue de la Libération, était restée quarante-quatre ans à cette fonction, "elle démissionnait pour des raisons de santé". Le 30 novembre 2024, Mère Marie-Anne a quitté la communauté religieuse "pour un le temps de refaire ses forces physiques et spirituelles".
"Le renouveau dans la continuité"
Mère Marie-Magdeleine, au lendemain de ses 42 ans, a accepté de prendre la charge de Prieure du monastère. Elle devient le pasteur "du troupeau" de la communauté, son berger, son guide. C'est l'image qu'emploie plusieurs fois saint Benoît dans sa Règle.
"Le rôle d'une mère prieure, c'est d'aider la communauté à vivre la vie qu'elle a été appelée à vivre, explique Mère Marie-Magdeleine. La Prieure ne décide pas toute seule, il y a un conseil. Elle impulse. Elle assume sa mission d'enseignement. Elle adapte la règle de saint Benoît au présent. Elle cherche à discerner ce qui est bon pour la communauté."
Et elle ajoute : "L'enjeu est le renouveau dans la continuité. Avec le changement de Mère Prieure, il y a un nouvel élan à insuffler, définir ce qu'on veut pour la communauté. Mère Prieure, c'est un vrai service, qui demande beaucoup d'énergie, un don de soi, à l'écoute des sœurs."
Mère Marie-Magdeleine (Stéphanie Grardel) est entrée en 2005 au monastère à Craon (Mayenne). "En 2016, j'ai été envoyée en tant que sous-prieure à Notre-Dame d'Orient dans le Sud-Aveyron, un sanctuaire marial. Au bout de neuf mois, en 2017, j'en ai été nommée Prieure." Cette petite communauté a fusionné, en 2020, avec le monastère à Craon. "Aujourd'hui, il y a un monastère en deux lieux, celui de Craon cherche comment faire vivre l'endroit là-bas. On a une laïque consacrée, depuis 2016, sur place, qui l'ouvre à la prière."
C'est clair qu'en revenant en 2023 à Craon, "c'est plus difficile d'être disponible. Je vais à Notre-Dame d'Orient pour les grandes fêtes". Pour l'anecdote, l'évêque Luc Meyer de Rodez était vicaire général à Laval (Mayenne). Pour la première fois depuis huit ans, Mère Marie-Madgeleine a passé Noël en Mayenne en 2024.
Originaire de Versailles, la troisième d'une fratrie de quatre enfants au sein d'une famille pratiquante, elle a rencontré le Seigneur à l'âge de 16 ans, "lors d'une retraite entre jeunes un week-end, dans une communauté. J'ai découvert l'amour de Dieu. Du jour au lendemain, je suis devenue la tête de classe (au lycée). Je me suis posé la question de la vocation. J'ai demandé à un prêtre comment devenir contemplative. Je n'avais aucune idée sur les ordres. On m'a dit de voir auprès du monastère de Craon où le Seigneur m'attendait, mais de faire d'abord mon master de philosophie que j'avais entamé."
Une communauté de douze sœurs
Le monastère des Bénédictines à Craon a été fondé en 1829 par mère de Saint-Louis de Gonzague, prieure du monastère à Rouen, son frère étant, à cette époque, propriétaire du château de Craon. L'Institut des Bénédictines du Saint-Sacrement remonte au XVlle siècle, fondé par Mère Mectilde, pour vivre la règle de saint Benoît et l'Adoration du Saint-Sacrement, "en réparation des outrages, profanations et indifférences que le Seigneur y reçoit".
Douze sœurs cloîtrées vivent au monastère à Craon. Elles accomplissent sept offices, chaque jour, "le premier à 7 h, le dernier à 20 h. On a des sœurs à l'Adoration dès 5 h. Et dans la nuit du jeudi au vendredi, on se relaie".
Le monastère des Bénédictines a développé une activité d'hôtellerie "où on accueille des personnes qui ont besoin de se ressourcer. Fatigués par le rythme trépidant du quotidien et des choses matérielles, qui ne les comblent pas, ils viennent passer quelques jours pour s'extirper du monde bruyant, et pour rencontrer Dieu aussi".
Les sœurs bénédictines s'emploient également à travers un atelier de peinture sur porcelaine, dont les réalisations sont en vente sur place. "Mais ni l'hôtellerie ni l'atelier ne subviennent à nos besoins. On compte sur la Providence. Parfois, on a un legs."
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