La nuit est tombée ce jeudi 4 mars 1965 dans le petit bourg de Saint-Michel-de-Feins et chacun dort du sommeil du juste. La rue est emplie de brouillard. Il fait froid et personne ne se risquerait à mettre un nez dehors. La journée a été difficile dans les fermes ; les bêtes étaient agitées, nerveuses. Les chiens n'ont pas cessé d'aboyer de la soirée.
Un réveil brutal et éprouvant
À 1 h 50, les habitants se réveillent en sursaut. Meubles et murs se sont mis à trembler, dans cette maison la vaisselle est tombée, dans une autre c'est l'horloge qui était mal accrochée. Une première secousse assez rapide, puis une deuxième de huit secondes suffisent pour projeter toute la population de Saint-Michel dehors. Les visages sont inquiets : va-t-il y avoir une nouvelle réplique plus importante ? Réveillé en sursaut à 1 h 49, feu Raymond Leroy, secrétaire de mairie et clerc de notaire, a l'impression qu'un camion a détruit le mur de la façade de sa villa. À Strasbourg, au Mans, les sismographes ont enregistré les secousses. La terre bouge et l'épicentre de ce tremblement de terre se situe exactement à 40 kilomètres de profondeur sous les pieds des Mickaëliens. Avec Saint-Michel, c'est tout le Grand Ouest qui sort de sa torpeur. Les trains de nuit sont immobilisés. Les réseaux téléphoniques sont muets. À Jersey, nous l'apprendrons le lendemain, l'affaissement d'une jetée a entraîné l'effondrement d'un phare.
Plus de peur que de mal
Le lendemain matin, Saint-Michel-de-Feins se réveille après cette nuit mouvementée. La température est de - 2 °C et le sol est recouvert d'une légère couche de neige. " Dans le bourg de Bierné, tout le monde ne parle que du bruit entendu cette nuit ", explique Marie-Thérèse Brochard à Pierre Gallou, le notaire de Bierné. Les dégâts sont faibles. Même dans les mines de fer de Segré, le travail a repris. Ce séisme, qualifié de tectonique par les spécialistes, a été d'une échelle de 6 à l'échelle de Mercalli. La presse est rassurante. " Les Français des départements de l'Ouest n'ont pas à redouter que le sol vienne à se dérober sous leur pas " : le massif armoricain est une vielle montagne, sur laquelle les séismes ne sont jamais très intenses, contrairement aux Alpes.
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