Depuis trois ans, nous sommes régulièrement avertis sur ce qui se passe « dans la tête de Vladimir Poutine » et les experts du sujet nous préviennent que cela relève de la psychiatrie. Depuis la réélection de Donald Trump, les psychanalystes se sont télétransportés à la Maison Blanche pour nous raconter les frasques d'un esprit à la fois inculte et dérangé. Ce fou furieux étant parfois dénoncé comme agent de Poutine, on peut boucler la boucle et raccorder la vision policière de l'histoire à l'enquête psychopathologique sur les chefs d'État.
L'avantage de ces explications médiatiques, c'est la simplicité : Untel est fou, il va bientôt être rejeté par le peuple et finir ses jours en maison de repos tandis que les affaires du monde reprendront leur cours. L'inconvénient, c'est qu'il ne s'agit même pas de psychologie. Avant de formuler un diagnostic et de proposer une thérapie, un psychologue professionnel écoute longuement son patient. Sur les plateaux de télévision, on juge sur les apparences et on fait part de ses impressions.
À trop observer les gestes de Donald Trump et ses mimiques, on en vient à négliger les références plus ou moins implicites de l'analyse médiatique : celles d'une mondialisation heureuse et d'un libre-échange aussi naturel que nécessairement bienfaisant, la folie de Trump étant de nier ces évidences.
La brutalité désordonnée du protectionnisme américain n'est pas le fruit d'un cerveau malade mais le résultat de la stratégie d'une équipe d'économistes situés pour partie dans un courant protectionniste qui remonte à Abraham Lincoln. L'Europe n'est pas non plus un paradis libre-échangiste. Au XIXe siècle, le libre-échange a été une parenthèse ouverte en 1860 par un régime autoritaire (Napoléon III) et refermé en 1893 par la IIIe République libérale. À l'origine, le Marché commun avait fixé à ses frontières un Tarif extérieur commun et établi une préférence communautaire, sans que cela nuise, bien au contraire, à la forte croissance. Un bon vieux manuel d'histoire vaudra toujours mieux que les psychanalyses de bazar.
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