[caption id="attachment_31332338" align="alignnone" width="800"] Keith Bloomfield devant le château des Hommeaux à Combrée (Maine-et-Loire). Il y vit depuis treize ans avec une Française. (©Haut Anjou)[/caption]
Keith Bloomfield, 73 ans, a vécu à Londres avant d’exercer son métier de diplomate en Belgique et en Algérie. Il a travaillé en France pour l’Unesco et a été cinq ans en mission à Bruxelles.
De leurs côtés, Charles et Christine Appleton tiennent des chambres d’hôtes au Bourg-d’Iré, près de Segré. Que pensent-ils de la sortie du Royaume-Uni de l’Europe effective depuis le 31 janvier 2020 ?
Depuis quand êtes-vous installés en France ?
- Keith Bloomfield : Depuis treize ans. On s’est installé en France en 2006. J’ai épousé une Française, une Combréenne. On avait une belle maison à Londres mais on a hérité de la maison de famille en France. On a décidé d’y vivre ensemble à la retraite. On a aussi un pied-à-terre à Rennes.
- Charles Appleton : Nous sommes installés ici au Manoir de la Vieille Douve depuis 2014. Mais nous avons une maison de vacances ici depuis 18 ans.
Quelles sont vos craintes après le Brexit ?
- Keith : La crainte est que l’Angleterre s’isole un peu dans le monde. On va perdre de la puissance et du pouvoir pour négocier. On est un petit pays par rapport aux grands blocs : les états-Unis, l’Inde, la Chine et l’Europe qui a la plus grande économie du monde, la démocratie aussi.
En Angleterre, le grand clivage politique n’est plus gauche-droite. C’est une question identitaire avec des gens fermés sur eux-mêmes et des gens ouverts.
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Il existe d’autres craintes avec l’Irlande du nord et l’écosse qui ont voté contre le Brexit. Ils sont furieux, les Irlandais en particulier. Est-ce que cela va mener à la fraction du Royaume-Uni ? Peut-être pas mais c’est possible. De toute façon, il y a un clivage très important d’identité politique en Grande-Bretagne aujourd’hui avec ceux qui se définissent pro-Brexit ou anti-Brexit. Les Anglais, qui ont des intérêts commerciaux en France, ont raison d’avoir peur. Mais les retraités, ceux comme moi qui n’ont pas de business en France, seront protégés.
- Charles Appleton : L’Europe, ce n’est pas parfait, c’est sûr, mais c’est plus facile de faire des changements à l’intérieur.
Beaucoup d’Anglais pensent encore que le Royaume-Uni est un “empire” mais du côté des pro-Brexit, il y a beaucoup de mensonges.
C’est surtout un problème pour les jeunes, pour plus tard. Ce sera moins facile d’aller travailler ou de voyager à l’étranger. Et ce Brexit peut donner des idées à d’autres pays qui voudraient sortir aussi de l’Union européenne...
- Christine Appleton : Ce qui change ce sont les papiers à faire. Il faut par exemple changer la carte de séjour.
Avez-vous envisagé de retourner au Royaume-Uni ?
- Keith : Partir de France. Non, au contraire. Je n’ai plus tellement d’attaches en Angleterre, à part des amis. J’ai une sœur qui habite en écosse mais c’est tout. Je suis là depuis tellement longtemps, on a des tas d’amis en France [...] Il y a des Anglais qui sont partis mais c’est surtout à cause de la dévaluation de la livre sterling. Tout de suite après le référendum, elle a dévalué de 20 %. Quand on est en France et qu’on vit sur une retraite anglaise, cela veut dire que l’on reçoit 20 % de moins.
- Christine et Charles : On est bien ici en France. C’est surtout compliqué pour les personnes qui dépendent du système de retraite anglais, ils ont perdu de l’argent...
Vous n’aurez donc plus le droit de voter en France...
- Keith : En France, j’avais le droit de vote dans les élections locales et de me présenter en tant que conseiller, ce n’est plus le cas maintenant. J’aurais pu prendre la nationalité française. Je vais peut-être le faire. Pour l’instant, il n’y a pas de raison.
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