Quelques-uns des habitants mobilisés dans l’église fragilisée par l’eau qui s’infiltreet l’humidité (la voûte derrière, au-dessus, réparée en partie, en atteste). (©Haut Anjou)[/caption]
« Cette église de Brains-sur-les-Marches (Mayenne) longtemps fermée a repris vie il y a trois ans quand des messes (une tous les mercredis avec une dizaine de personnes en moyenne et un chapelet tous les lundis) y ont été de nouveau célébrées grâce à la réunion des deux paroisses et l’arrivée de nouveaux prêtres, passant d’un à trois », explique un collectif d’habitants.
Il est composé d’Henri Barbary, Mickaël Julliot et sa femme Anabela, et Jeannine Thuau qui s’occupe avec une équipe de l’entretien de l’église.
Ils sont inquiets car ils ont peur que les efforts fournis pour qu’elle reprenne vie soient vains.
« Si tu deviens prêtre, je deviendrai pape ! »
En effet, l’intérieur est rongé par l’humidité, « la toiture est à réparer, des fissures apparaissent sur les voûtes, les enduits des plafonds tombent à cause de l’eau qui s’infiltre, l’humidité est apparente sur les murs, la tribune est fragile, l’emmarchement est pourri, sans compter le système électrique défaillant, etc. Il faudrait une restauration totale. »
Ils en ont bien conscience,
« pour une petite commune de 280 habitants, avec un petit budget, ça n’est pas possible. Ils font les réparations d’urgence qu’ils peuvent. »
Mais ils constatent que « c’est la seule église non restaurée des douze du territoire. »
Le collectif souhaite monter une association pour sauver l’église Saint-Pierre datant du 11e siècle et reconstruite dans les années 1800.
Ils mettent en avant son caractère spécial. « Le cardinal Suhard y a été baptisé. » Il est né en 1874 dans la campagne de Brains, au lieu-dit L’Isodière. « Orphelin de père à trois ans », il est ensuite devenu une figure de l’église.
Archevêque de Paris sous l’Occupation
Scolarisé à Brains, Emmanuel Suhard s’est battu pour sa vocation. « Très jeune il a su qu’il voulait servir Dieu. »
Mais tous ne l’entendaient pas de la même oreille. « C’est connu ici. Le curé de l’époque lui disait, “Emmanuel tu feras un très bon vacher. Parce que franchement, si tu deviens prêtre, moi je serai pape !” », rapporte Henri Barbary.
Emmanuel Suhard devint finalement évêque à Bayeux et Lisieux, puis archevêque de Reims et de Paris en 1940 pendant la Seconde Guerre mondiale.
« Il avait demandé à Dieu d’épargner Paris contre la construction d’un édifice. Paris sauvé, il tint sa promesse et érigea une église qui aujourd’hui est entourée par l’hôpital Debré. »
Il mourut en 1949. Il repose à Notre-Dame-de-Paris. « Il a pour certains pu donner l’apparence qu’il avait collaboré, mais en fait il a sauvé des vies », estime Mickaël Julliot.
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