Habitante du Segréen (Maine-et-Loire), une infirmière du CHU d’Angers témoigne. Nous l’appellerons Sandrine. Depuis la mi-mars 2020 son service initial a été complètement dédié aux patients atteints du coronavirus.
Quel est le climat qui règne dans ces services ?
"Entre collègues nous sommes très solidaires. L’ambiance est bonne, malgré l’énorme souci du manque de matériel de protection."
Des soignants de tous les endroits du CHU viennent se former pour pouvoir à leurs tours accueillir ces patients ou les prendre en soin..."
Avec le sentiment de se mettre en danger ?
"Oui, je ne vais pas dire le contraire. On part au travail avec “la boule au ventre”. Surtout devant le fait que nous n’avons pas le matériel nécessaire pour prendre au mieux en soin ces patients Covid-19."
Nous avons extrêmement peur de ramener le virus à la maison et malgré toutes les précautions que, nous soignants, prenons, nous avons toujours cette épée de Damoclès au-dessus de notre tête.
"Mais c’est notre devoir, nous avons fait ce métier pour venir en aide et soigner les personnes, qu’elles soient infectées ou non, sans aucun jugement..."
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"Même s’il faut le dire, depuis quelques années nous subissons des très lourdes conséquences sur notre travail du fait des fermetures de lits, de suppressions de postes ; ce qui n’a pas du tout arrangé la situation des hôpitaux pour affronter une telle crise sanitaire."
Comment votre famille vit-elle cette situation ?
"Mon mari m’encourage, me félicite, me pousse à donner le meilleur de moi pour lutter contre cet affreux virus. Tout en sachant qu’il a bien sûr peur que je le ramène à la maison, mais sans me juger, ni me faire ressentir que je suis quelqu’un de “potentiellement infectée”."
Pour d’autres collègues, c’est plus compliqué. Les maris ou les femmes ont peur et transmettent cette peur à leur conjoint, ce qui joue parfois sur le moral des soignants."
Comment se passent vos journées ?
"Je fais des nuits de dix heures. Pour les personnels de jours, se sont de journées de 7 h 30, et du coup ils ont l’impression d’être en contact quasi permanent avec le virus."
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Quand j’arrive à la maison j’essaye de ne pas penser au travail, mais avec l’actualité qui parle en permanence de cela, il est difficile de faire un break."
Quelles protections avez-vous face à ce virus ?
"C’est un peu comme aller à la guerre sans fusils, sans munitions. Il nous manque dans ces services covid des masques (FFP1 et FFP2), des gants, des surblouses, des sacs hydrosolubles (pour nettoyer le linge des patients), etc. C’est ce manque de moyens de protections qui génèrent le plus de stress, pas le fait de soigner ces patients."
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Habituellement je ne prends pas de douche en partant du CHU, mais depuis que je prends en charge des patients covid, j’en prends une."
"Mais nous n’avons que deux douches (il y a un an, cinq douches ont été retirées). C’est la queue tous les matins alors qu’on vient de faire nos dix heures."
Et les patients, comment sont-ils pris en charge ?
"Du mieux possible dans cette situation de crise. Des médecins compétents sont présents et assurent un travail extraordinaire auprès de ces patients."
Le CHU d’Angers n’est pas (encore) comme les CHU de Paris ou de l’Est à son maximum mais suffisant pour prendre en soin de la meilleure façon ces patients."
"Mais on n’a pas assez de soignants, à notre sens. Mais impossibilité pour la direction d’œuvrer dans ce sens, malgré nos remontées. Sur la journée, il semble que les effectifs soient meilleurs. Je ne peux pas parler pour les services de réanimation, car je n’y interviens pas."
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