A l’âge où se construit la personnalité chez les adolescents, le confinement s’est imposé à eux, brutalement. Pascal Martin, psychologue à Segré (Maine-et-Loire), évoque un risque de désocialisation. Il conseille le retour à l'école.
Le confinement rendu obligatoire a-t-il induit une perte de repères ?
Pascal Martin : « Cela a été dur pour tout le monde. Au départ, on a pu croire au “Coronavacances” mais très vite, cette cohabitation forcée en famille a posé des difficultés. Il a fallu des espaces de travail. Le statut de parent s’est confondu avec celui de professionnel et d’enseignant improvisé. Surtout, les adolescents ont pu être livrés à eux-mêmes. »
Le psychologue ajoute :
Les réseaux sociaux, les écrans ont pris le pas sur le contact physique, les loisirs ont pris davantage de place. Les adolescents ont très vite vécu en décalage horaire, avec un manque de sommeil, une perte des repères et parfois des apprentissages.
Cette situation inédite les a-t-il traumatisés ?
Pascal Martin : « Oui, mais quand on est ado, on est fier, on ne le dit pas, car souvent on est en conflit avec les parents. Mais ce confinement restera comme une période fragile de leur vie, parce qu’ils ont été confrontés à une déstructuration. Vivre en communauté (via les loisirs, le sport...) est un soutien. Là, ce fut un arrêt brutal de la construction de leur identité. »
Les mots du président : “Nous sommes en guerre” laisseront des traces. La peur pour ses proches s’est immiscée. Les restrictions ont été ressenties comme des frustrations.
Nombre d’ados n’ont toujours pas repris le chemin du collège ou du lycée. Y a-t-il un risque de désocialisation ?
Pascal Martin : « Il faut reprendre le chemin de l’école avant la fermeture des établissements. Déjà pour éviter l’accentuation du décrochage pour certains élèves. Car ces devoirs à la maison ont creusé les inégalités, pour les uns, l’échec ; pour d’autres au contraire, des compétences nouvelles. Et puis les ados ont besoin de renouer le contact. »
D’ailleurs, il vaut mieux une reprise souple de l’école, davantage mettre l’accent sur l’accueil par petits groupes plutôt que de vouloir sur performer dans les programmes. Dans ce contexte, les ados ont besoin d’être valorisés au-delà de l’enseignement. Il faut libérer les formes d’expression, redonner confiance pour repartir sur de bonnes bases à la rentrée.
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