Bernadette Perrot, présidente de la Ligue contre le cancer en Mayenne, est catégorique. Pour elle, le Covid-19 (coronavirus) va avoir des répercussions sur les personnes atteintes du cancer. Elle alerte sur la nécessité de se faire dépister.
Cette période de confinement a-t-elle son revers pour les malades du cancer ?
"En fin de traitement déjà, les personnes rencontraient beaucoup de difficultés pour retrouver du travail. Être malade du cancer est mal vu. L’employeur ne sait pas si le salarié reprendra ou même s’il rechutera. Considérés vulnérables à cause du Covid-19, ils vont être encore un peu plus mal vus."
Et avec la crise, le risque de recrudescence du chômage, ces personnes fragiles vont en faire les frais et être mises dans les “charrettes” au nom de la rentabilité."
Et pour la Ligue contre le cancer ?
"En temps de crise, avec la menace de baisse de pouvoir d’achat, les dons aux associations ont diminué. La Ligue contre le cancer n’y échappe pas. Les événements ayant tous été annulés, nous n’avons plus de collecte."
À lire aussi
Cela va entraîner des difficultés pour la commission sociale qui traite les dossiers des personnes malades dans le besoin (portage de repas, paiements de factures...). Je m’attends à une augmentation des demandes."
"On doit réinventer la collecte de dons sachant qu’en plus nos bénévoles - un peu âgés - sont frileux à cause du Covid-19. Et puis, tout ce que nous avions mis en place, c'est arrêté : le patient ressource, l'art thérapie."
Les dépistages du cancer ont-ils été moins nombreux pendant le confinement ?
Oui, c’est un fait. Les mammographies ont été annulées par les radiologues, et les gens n’ont pas osé aller dans les salles d’attente de peur d’attraper le Covid-19."
À lire aussi
"Les opérations de coloscopie ont elles aussi été suspendues parce qu’elles n’étaient pas considérées comme des actes majeurs. Ont été prioritaires seulement les actes curatifs dans les cliniques et les hôpitaux. Cela n’a toujours pas repris, aujourd’hui, par manque de médicaments anesthésiques (curare)."
Et les diagnostics du col de l’utérus n’ont pas eu lieu non plus depuis trois mois. En 2019 en Mayenne, 102 cas de cancers avérés tous confondus avaient été diagnostiqués. Ce qu’on aura négligé pendant la période de confinement nous tombera sur la tête plus tard."
"Si les médecins généralistes ont eu deux fois moins de consultations, on aurait tort de croire qu’il y a deux fois moins de malades."
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.