Entre 2015 et 2019, d’après l’Ordre des vétérinaires, le nombre de praticiens inscrits et exerçant exclusivement auprès des animaux d’élevages dans le Maine-et-Loire a baissé de 5 à 10 %.
Une situation inquiétante, car cette branche du métier se fait vieillissante et les praticiens peinent à trouver la relève.
Les zones rurales peu attrayantes
Des problèmes de recrutement liés à plusieurs facteurs :
« Lorsque je suis sorti de l’école vétérinaire, j’ai choisi le monde rural pour l’aspect relationnel avec les propriétaires et leur rapport à l’animal, explique Sébastien Froget, vétérinaire au sein de la clinique Innovet à Segré (Maine-et-Loire) depuis cinq ans. C’est très différent des animaux de compagnie, ça demande d’être constamment à l’extérieur. Il faut être capable d’apprécier la vie rurale et ça peut en rebuter certains. »
Contrairement aux autres diplômés, les jeunes vétérinaires ruraux n’ont généralement pas d’autres choix que d’aller dans des zones rurales.
Un frein supplémentaire pour quiconque souhaite faire carrière dans ce domaine.
Quand on sort de l’école, on n’a pas forcément envie de s’isoler dans un endroit où il n’y a rien, ni personne, précise Chloé Chielens, stagiaire et étudiante au sein de l’équipe. Jusqu’à 25-30 ans, on est plus attiré par une ville qui peut agrémenter notre vie sociale.
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Une branche mal connue
Le métier souffre aussi d’une vision biaisée des étudiants, ainsi que d’une méconnaissance du monde rural pour la plupart.
"Lorsqu’on est étudiant, l’idée qu’on a du vétérinaire agricole n’est pas forcément celle de la réalité, rajoute Sébastien Forget. On fait beaucoup d’urgences, certes, mais il y a une grosse partie de soins préventifs ! »
Un travail contraignant
Pour Chloé Chielens, les contraintes du métier jouent pour beaucoup auprès des autres élèves.
On a beaucoup moins de visibilité sur notre emploi du temps que les autres équipes spécialisées, confie la jeune femme. Nos horaires sont beaucoup moins fixes, on utilise beaucoup plus la voiture, on doit assumer les gardes... Il est compréhensible que beaucoup de jeunes diplômés ne souhaitent pas travailler dans cette branche, en se disant qu’ils ne voient “pas l’intérêt s’ils passent plus de temps dans leur voiture qu’auprès des animaux” .
Pour tous les praticiens, le vrai problème réside dans l’aménagement des territoires : aujourd’hui, « tout est centralisé dans les grandes villes », remarque Sébastien Forget.
« Tant que nous n’aurons pas réglé ce problème d’attractivité, nous aurons moins de recrutements. Lorsqu’ils sortent de l’école, ce sont les vétérinaires qui choisissent leur clinique et leur zone géographique, pas le contraire. »
Constance Agnes
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