« Les contraintes imposées aux élèves et aux enseignants engendrent un malaise profond qui n’est pas acceptable. »
C’est ainsi que débute la lettre envoyée mercredi 2 septembre 2020 par le père de Juliette à Christine Delgéry, proviseure du collège-lycée Saint-Michel à Château-Gontier (Mayenne).
Le matin même, la jeune fille faisait sa rentrée en 4e.
Juliette, qui n’imaginait cependant pas ce que porter un masque en continu pouvait représenter, confie :
J’étais contente de repartir à l’école. La fin d’année dernière s’était bien passée malgré le port du masque. »
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Le masque en continu plus de 10 h par jour
Son papa détaille :
Elle prend le car à 7 h et dès qu’elle sort de la maison, elle doit le porter jusqu’à son retour le soir. Le seul moment où elle peut l’enlever c’est pour manger le midi. »
Et ce dernier a été choqué de constater à quel point les enseignants « épient le moindre faux pas des élèves. Les pressions sanitaires ont outrepassé l’entendement ».
Juliette raconte :
On surveille qu’on prenne suffisamment de gel hydroalcoolique, on nous fait des remarques quand on baisse notre masque sous le nez quelques minutes pour reprendre notre respiration, alors que même les enseignants le font... »
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Les enseignants ne reconnaissent pas leurs élèves
Sans compter les efforts que les élèves doivent réaliser pour bien comprendre ce que leur expliquent leurs enseignants d’une voix étouffée.
Difficile également pour les profs de reconnaître leurs élèves, c’est pourquoi ce mercredi-là, un enseignant a demandé à Juliette et ses camarades d’écrire leur prénom sur une épingle à linge et de l’accrocher à leur masque.
En plus d’avoir vécu les remarques des enseignants comme des agressions, Juliette est rentrée à la maison le mercredi midi totalement angoissée.
Ils optent pour l’instruction en famille
« Le soir, nous avons longuement échangé avec mon épouse et notre fille. Nos enfants et leur bien-être sont notre priorité, ce que les gens pensent on s’en fiche », indique le papa qui a tout de suite écrit à la proviseure pour lui indiquer :
Notre fille ne réintégrera pas sa classe ce jeudi 3 septembre 2020, ce pour une durée indéterminée tout au moins tant que les conditions normales de scolarité n’auront pas été rétablies. Quand j’écris “normales”, je pense au protocole mis en place en juin, qui n’obligeait notamment pas le port du masque en permanence pour les élèves ».
Une semaine après, ils ont reçu un certificat de fin de scolarité auquel était joint un mot de Christine Delgéry :
Je respecte votre décision mais vous comprendrez aisément que nos marges de manœuvre sont très étroites. »
Si Juliette préférerait retourner à l’école, à l’heure actuelle et vu le contexte, elle ne s’en sent pas capable. C’est pourquoi, ils ont opté pour l’instruction en famille, une organisation qui ne leur est pas inconnue puisque les frères et sœurs de Juliette en ont bénéficié une partie de leur scolarité.
Ils en gardent tous les trois un très bon souvenir et le confinement nous a d’ailleurs remis en quelque sorte dans le bain. »
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