En 2021, cela fait près de 20 ans que ce lourd secret a éclaté au grand jour. Celui de Karine Cossard et d’autres fillettes de sa famille. Elle fait partie des victimes d’un peintre d’origine argentine.
"Au total, il a violé quatorze jeunes filles, dont ses propres enfants", lâche Karine, aux côtés de son compagnon Johan, dans leur petite maison, à Sainte-Gemmes-d’Andigné (Maine-et-Loire).
Alors que le procès date de 2003, cette mère de famille de 40 ans a décidé de sauter le pas et s’apprête à publier un livre sur sa vie. Une sorte d’autobiographie romancée, mais volontairement édulcorée à certains passages.
Karine précise :
Dans cet ouvrage, "tous les noms ont été changés".
Son prédateur, elle le nomme “Guillermo”.
Une ado de 12 ans
Les premiers sévices sexuels qui ont fait d’elle une victime remontent au début des années 1990. Une période où elle vivait sa vie d’ado de 12 ans, en région parisienne.
Cet homme n’avait pas de lien de sang avec Karine, "c’était le père de la femme de mon frère".
"Mais à cette époque on se voyait tous les week-ends, les uns chez les autres. Guillermo, je l’appelais même tonton", raconte-t-elle avec force mais détachement.
Une emprise
La souffrance durera jusqu’à ses 16 ans, sachant que le violeur gardera "une emprise" sur elle pendant plusieurs années.
Jusqu’au jour où Marie, la fille de Guillermo décide d’aller porter plainte et découvre avec horreur que Karine a elle aussi été abusée pendant plusieurs années.
Si elle se sent prête à partager son histoire avec le grand public, cela n’a pas toujours été une évidence.
"J’y ai pensé à plusieurs reprises, mais j’hésitais", raconte cette mère de famille. C’est finalement sur les conseils de son médecin et de membres de sa famille qu’elle a commencé à écrire, en 2018. "L’idée, c’était de tout poser sur le papier."
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Une fois très bien avancé, le manuscrit a pourtant terminé au placard pendant près de deux ans.
"J’ai eu des problèmes de santé et je me suis détachée du livre. J’ai fait beaucoup d’efforts pour récupérer après une grosse crise d’épilepsie."
Se sentir prête
C’est une fois arrivée dans le Segréen, en Maine-et-Loire, que Karine a apporté les dernières touches à son ouvrage.
"C’est en déménageant pendant le premier confinement, en arrivant ici, à Sainte-Gemmes, que je l’ai terminé."
Au-delà du soutien de son mari à boucler ce travail, cette mère de trois enfants s’est sentie hors de portée, notamment pour "ne pas faire de mal à ma famille".
Aujourd’hui, si Karine recherche encore un éditeur pour son ouvrage qu’elle a intitulé Des ténèbres à l’angélisme, son regard a évolué depuis le premier jour d’écriture.
Ce livre, "c’est finalement comme un exutoire. En mettant tout sur papier, on réalise encore plus les choses."
Et surtout : "Après avoir relu plusieurs fois le manuscrit, j’ai compris que c’était bien moi la victime."
Comme un moyen de faire un nouveau pas vers la vie et garder en tête "qu’on peut se relever malgré les malheurs qui nous arrivent. On apprend seulement à vivre avec et il faut avancer."
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