Venu d’Italie, le nouveau propriétaire de la ferme de la Tremblaie à Chambellay (Maine-et-Loire) et dirigeant de la SCEA Arboretum, Lorenzo Santangelo, avait le souhait de développer la culture du taxus baccata, qui sert à traiter les cancers. Chose faite en 2021.
Le taxus baccata est une variété d’if contenant des glucosides, qui synthétisés, sont utilisés en oncologie pour traiter certains cancers.
L’employé de Lorenzo Santangelo, qui gère la production sur le site de Chambellay (Maine-et-Loire), est Antonino Bivona, également Italien, installé là depuis plusieurs mois. Il s’occupe des 26 hectares du site tout au long de la saison. Il explique avec passion les pouvoirs de cette plante étonnante.
Comment a-t-on découvert ses qualités ?
Antonino : "Les principes actifs anticancéreux se trouvent dans le taxus. Une découverte, dans les années 1960, par l’institut national contre le cancer, aux Etats-Unis. Dans l’écorce du taxus du Pacifique, une molécule, le taxol, est capable d’inhiber la mitose cellulaire. Au début des années 1980, a été approuvée la sortie d’un médicament anticancéreux utilisé en chimio."
A-t-il été facile de lancer son exploitation ?
Antonino : "Il y avait un problème de disponibilité des matières premières utilisées pour en extraire le taxol et pour que ce médicament soit disponible à grande échelle. Rien que pour soigner seulement les cancers des ovaires aux Etats-Unis, il aurait fallu abattre 360 000 plantes chaque année. D’autres projets avec d’autres variétés de taxus, étaient encore plus destructifs. A cause de cela, l’utilisation du taxol en chimio restait très limitée."
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Comment est-elle arrivée en France ?
Antonino : "Il a été mis au point un moyen de produire, en grande quantité, cette molécule, en utilisant la baccatine, un précurseur du taxol, qui se trouve dans les feuilles du taxus baccata, une variété européenne, appelée if en France. Dans les années 1990, les premières cultures de taxus pour la récolte mécanisée des jeunes pousses sont implantées dans le nord de l’Italie."
Antonino : "La demande de taxol grimpe et l’entreprise agricole lance un programme d’expansion. En partenariat avec une entreprise hollandaise, elle installe des cultures aux Pays-Bas, en Pologne, et en 2009, en France avec SCEA Arboretum, en Loire-Atlantique, puis en Maine-et-Loire en 2011. SCEA Arboretum est unique, la seule à cultiver le taxus baccata en plante médicinale. Le groupe est le seul en Europe à le cultiver pour l’industrie pharmaceutique. Aucun autre producteur n’est reconnu dans le monde."
Cette culture est-elle essentiellement située à Chambellay ?
Antonino : "Non, SCEA Arboretum a trois sites d’exploitation de 105 hectares de cultures. La récolte se fait entre mi-juillet et mi-septembre. Sont récoltées 1 400 tonnes de jeunes pousses de taxus. Celles-ci sont déshydratées, réduites à 350/400 tonnes de matière sèche expédiée en Italie, où l’industrie pharmaceutique extrait la baccatine. Des 1 400 tonnes, il y aura entre 700 et 800 kg de baccatine, transformée en taxol. Son usage en chimio donne 70 % de probabilité de guérison."
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