En 2021, un homme de Miré (Maine-et-Loire) et une association se battent pour faire reconnaitre une maladie comme professionnelle.
Jean-Louis Emeriau, 68 ans, métallier, de Saint-Rémy-en-Mauges, aujourd’hui installé à Miré (Maine-et-Loire), a connu Odette Gruau de Brissarthe, en 1992.
Ils sont restés quinze ans sans se voir avant de se retrouver. Ils se sont mariés en septembre 2019.
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Un mois plus tôt, Odette, agricultrice, spécialisée dans l’élevage de pigeons à Brissarthe sur une exploitation de 35 ha de cultures qu’elle gère seule, était frappée par une nouvelle épreuve : un troisième cancer.
Après un premier en 1999 (cancer du sein), un deuxième en février 2009 (cancer de l’utérus), en 2019, on lui découvre une tumeur cancéreuse cérébrale : un glioblastome. Odette décède le 17 juin 2020.
" Ce n’est pas normal "
Le spécialiste est clair dans son compte rendu : " Il sera logique de rédiger un certificat médical initial en maladie professionnelle. "
En cause : " l’utilisation de produits phytosanitaires pendant plus de 30 ans ainsi qu’une exposition environnementale pendant 20 ans supplémentaires ".
Pas dans les cas
Problème, " la maladie d’Odette ne rentre pas dans le tableau des maladies professionnelles ", explique Michel Besnard, président du collectif de soutien aux victimes de pesticides de l’Ouest et pourtant " son décès est dû aux produits phytosanitaires ".
Un dossier est donc monté pour passer devant une commission de reconnaissance en maladie professionnelle mais " il est refusé malgré l’écrit sans ambiguïté du Dr Roquelaure ", souligne Michel Besnard.
Ils saisissent alors le pôle social du tribunal judiciaire et demandent un deuxième passage devant une nouvelle commission. Le jugement sera rendu le 13 décembre.
S’il est accepté, Jean-Louis pourra toucher une rente, mais surtout il aura été au bout de ce parcours commencé par sa femme.
S’il est refusé, " on contestera à nouveau ", indique Michel Besnard qui, sur une centaine de dossiers, a réussi à en faire reconnaître 57 en maladie professionnelle. " Nous faisons face à des lobbyings puissants où derrière se cachent des questions financières, mais aussi idéologiques. "
Lobbyings
Il indique que peu osent entamer cette démarche de reconnaissance " car la quasi-majorité ne sait pas qu’ils peuvent, d’autres portent un sentiment de culpabilité car ce sont eux qui ont traité. Or, ils n’y sont pour rien."
Pour d’autres, c’est trop long, trop de souvenirs, il évoque aussi" la pression du milieu."
Certains osent "mais nous demandent de n’en parler à personne". 85 % des dossiers concernent des agriculteurs, les autres sont des paysagistes, employés d’espaces verts, salariés de coopératives…
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