Arrivés en 1988 à Segré (Maine-et-Loire), les Minard baissent le rideau en ce mois de juillet 2022.
Comme le veut le dicton, c'est "une page qui se tourne" en centre-ville de Segré. Et quelle page : une belle histoire qui a touché plusieurs générations.
La charcuterie traiteur Minard restera désormais portes closes puisque Pierre et Christiane Minard ont officiellement pris leur retraite vendredi 1er juillet.
"Cela faisait trente-quatre ans qu'on était installés", résume Pierre, 61 ans, qui a tenu la boutique aux côtés de son épouse Christiane et plusieurs salariées.
Et pas moins d'une vingtaine d'apprentis. "J'aurai pu partir il y a un an mais notre salariée, Évelyne, devait attendre ses 62 ans pour prétendre à ses droits à la retraite. Je pouvais bien rester un an de plus", plaisante-t-il.
Taille intermédiaire
Au 25, rue Pasteur, les Minard avaient pris le flambeau en octobre 1988. "On représente la troisième génération de charcutiers dans cette boutique", souligne Pierre. "Et encore avant, c'était une auberge ici", précise son épouse, âgée de 60 ans.
Lui, originaire de Touraine, et elle, de la Vienne, recherchaient une première affaire à reprendre à la fin des années 1980.
Le couple avait visité plusieurs communes avant de jeter son dévolu sur Segré : "On est allés à Angers, Niort ou encore Tours, mais on voulait une ville intermédiaire. Et Segré nous a bien plu", se remémorent-ils. "La ville était bien fleurie et ça bougeait très bien au niveau du commerce."
Sans "faire de plans sur la comète", Pierre et Christiane passeront ainsi plus de trois décennies à servir leur clientèle fidèle. Et le temps, ça file. Pierre Minard l'admet, il n'a pas vu les années passer.
Les évolutions
Vient donc l'heure de quitter la rue Pasteur, qui a perdu de son dynamisme en trente-quatre ans... "Les villages et bourgs se sont peu à peu vidés de leurs commerces. Certains partaient pour ne pas revenir", résume le couple.
"On a vu le développement des zones économiques et de grandes surfaces. Et il y a bien sûr aussi l'évolution des habitudes de consommation." Et d'ajouter : "Finalement, ici à Segré, on est plutôt devenue ville-dortoir, comparé à il y a trente ans..."
On sent la frustration de Pierre Minard dans ses propos : l'homme se dit déçu de ne pas transmettre son affaire.
En plus de l'aspect financier lié à la vente, il aurait aimé "trouver quelqu'un pour faire perdurer ce commerce et soutenir les métiers de bouche". Mais les tentatives au cours des dernières années resteront vaines.
Une chose est sûre : ils ont pris du plaisir dans cette vie de commerçants. "On remercie chaleureusement tous nos clients, et toutes les personnes avec lesquelles on a travaillé."
Les Minard comme bonne adresse pour les bons repas, c'est terminé. Quant à la retraite, elle devrait se faire... dans la Vienne.
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