Aujourd’hui figés dans le paysage, les fours à chaux de Bouère (Mayenne) restent les témoins du passé industriel de la commune. Au Bois-Jourdan, il existait trois fours à chaux remis en service en 1977.
« À l’époque j’avais 27 ans, le groupe Pigeon cherchait des ouvriers », explique Louis Landelle, habitant du village ayant travaillé plus de dix-sept ans dans ces fours à chaux.
« Au Bois-Jourdan, on travaillait la journée à deux voire trois ouvriers. Au début j’étais à du 45 h par semaine, puis 42 h avant de redescendre à 39 h.
Après son extraction de la carrière et le concassage, la pierre triée puis stockée était « cuite au charbon » à 1 000 °C en haut des fours. « Je m’occupais de tirer les chaux dans le bas du four avec un petit chargeur hydraulique ».
Après stockage, cette dernière était transportée par camion vers une usine de broyage à Saint-Pierre-la-Cour, avant d’être transformée en chaux granulée ou en poudre.
« On faisait deux charges le matin et deux charges l’après-midi. La journée, on faisait environ 75 tonnes de pierre à chaux vive environ. Quand il y avait des pertes, on en prenait sous la trémie pour en ramener chez nous, sinon on en mettait à la décharge. »
Rien ne se perd
« Je me souviens de certaines personnes qui venaient avec des seaux en plastique à la décharge pour récupérer cette pierre. Quand on la sort du four, si on la met dans l’eau elle fond.
Du coup, quand une personne mettait de l’eau dans son seau, le plastique fondait. On leur disait du coup de prendre un seau en ferraille », rit-il.
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Afin de bien se protéger de tout risque de brûlure ou maladies, Louis était vêtu d’une combinaison, lunettes et masques.
"Quand je rentrais chez moi c’était tout de suite la douche. Avec la sueur et la poussière, on était marqué sur la peau."
Une routine qui s’est répétée pendant plus de trente années, quelles que soient la saison et la météo. « Quand il y avait du brouillard à hauteur de table on ne voyait pas les fours et donc pas les collègues. Il fallait faire attention. »
Rêvant au départ d’être cuisinier, Louis avait dû faire un choix à l’époque de ses 27 ans. « Dans le temps, il fallait travailler et puis c’est tout. J’aurais voulu être cuisinier mais il fallait que je quitte mes parents pour aller à l’école. On vivait en campagne. »
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