L’établissement public du premier degré porte le nom d’une ex-résistante à Craon (Mayenne), déportée en 1944 : Constance Lainé. Lors d’un sondage en mars 2021 par la municipalité, les habitants de Craon se sont souvenus de cette standardiste de La Poste aux heures sombres de la France. Le nouveau groupe scolaire sera inauguré le 22 octobre 2022.
L’inauguration de l’école Constance-Lainé à Craon sera vécue comme un moment intense par les petits-enfants et arrière-petits-enfants présents le samedi 22 octobre 2022, et notamment Luce, 93 ans, la fille cadette de Constance Lainé.
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« Nous devrons gérer l’émotion », avoue Françoise Mâlin. Si la ville de Craon ne laisse pas que de bons souvenirs à la famille, « c’est comme si on ne pouvait pas complètement s’en détacher. On est en train de vendre la maison familiale, alors qu’une école portera le nom de ma grand-mère ».
Une résistante solidaire jusqu'au bout
Françoise Mâlin voudrait que les écoliers associent le nom de Constance Lainé non à la tristesse mais « à l’esprit de solidarité, la seule chose qui restait aux déportés. Ma grand-mère est morte en venant en aide à une autre déportée, malade ».
Françoise Mâlin explique que « la personne que sa grand-mère a remplacé, ce jour-là, aurait été envoyée au four crématoire. Constance Lainé a pris sa place pour travailler en cuisine. Malheureusement, de la soupe brûlante s’est renversée sur elle, elle n’a pas survécu ».
La petite fille de la résistante déporté observe que « mes parents ne nous ont éduqués ni dans la haine ni dans les souvenirs douloureux. Il y a parfois des choses difficiles, et malgré tout qu’il faut avancer ».
Les grands-parents de Françoise Mâlin, Georges Lainé, clerc de notaire à Craon, et Constance, standardiste à La Poste, étaient résistants du réseau Marie-Odile. « Ils ont très peu parlé de leur rôle à ma mère, Jacqueline, 24 ans à la fin de la guerre. »
Françoise Malin raconte : « Ma grand-mère retardait les communications entre les Allemands, et transmettait des messages aux résistants. »
Georges sera arrêté en novembre 1943, Constance en janvier 1944, « sur dénonciation ». Georges meurt au camp de Mauthausen (Autriche) le 20 mai 1944, Constance au camp de Ravensbrück (Allemagne) en janvier 1945.
Une famille meurtrie
« Jacqueline, ma mère, sera par la suite institutrice, avant d’être secrétaire au CNRS à Paris », raconte Françoise Mâlin. Elle témoignera sur la déportation dans les écoles.
« Luce deviendra secrétaire comptable. Longtemps, elle ne connaîtra pas l’existence des lettres de ses parents à ma sœur, qui voulait la protéger. »
Jacqueline Lainé rencontra son mari sur fond de drame. « Mon père, Fernand Mâlin, était soldat. Il avait été fait prisonnier. Il avait aidé à évacuer les camps de concentration », rappelle Françoise Mâlin.
« Il voulait retrouver son frère aîné André, déporté, finalement décédé à Floha, en Tchécoslovaquie, de dysenterie. C’est mon père qui a annoncé à ma mère la mort de ses parents. »
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